J'ai presque tout aimé : le côté polar bien ficelé, une énigme qui se découvre peu à peu, sans aucune incohérence.
La découverte du Paris du baron Haussmann en pleins travaux. Les beaux immeubles et les avenues en construction, la misère du petit peuple, aussi bien dans les ruelles encore sordides que dans les taudis qui se sont installés autour de Paris, au-delà des fortifications, pour ceux que la capitale rejette toujours plus loin.
Et surtout une figure de jeune femme exceptionnelle, battante et courageuse, qui veut un vrai avenir, et une superbe relation père-fille.
Presque tout, parce que quelques passages sont très rudes, et donc ne sont pas destinés aux plus jeunes.
C'est un roman parfait pour grands ados ou young adult, mais je n'ai pas trop l'impression que ce type de roman, historique, polar et vie, trouve vraiment sa place dans un rayon où seule la fantasy semble avoir du succès.
J'espère que je me trompe car il est excellent à la fois par son plaisir de lecture, et pour montrer les obstacles qu'ont dû surmonter les filles, la force de caractère de certaines.
Prospérine a quitté la tranquillité et le confort de sa vie provinciale, pour suivre son père, désormais veuf, dans l'agitation de la capitale. Refusant le pensionnat où toute jeune fille de bonne famille devrait apprendre les choses indispensables et inutiles, elle se trouve mêlée à un monde dur et aux antipodes de ce qu'elle connaissait.
Pleine d'empathie et de gentillesse, elle ne peut supporter les injustices et se lance avec témérité et inconscience dans l'aide aux plus démunis. Mais son but, c'est la science, et son rêve, être médecin comme son père, en un temps où il n'est même pas question d'y songer pour une femme.
Le personnage du père est passionnant : tiraillé entre l'amour qu'il porte à sa fille, seule famille qui lui reste, et donc sa volonté de la protéger. Son désir de ne pas la brider, l'enfoncer dans la vie d'une fille "bien née", broderie, chant et surtout ne pas réfléchir. Il souhaite ne pas l'empêcher de s'épanouir et pourtant il sait qu'il faut aussi se conforter aux diktats de l'époque.
Mais l'intelligence et la volonté de Prospérine emportent tout sur son passage.
On découvre des mondes bien divers : ceux qui ont de l'argent, ceux qui "sont nés", et qui ne sont souvent pas les mêmes que les précédents. Les enfants livrés à eux-mêmes dès le plus jeune âge. Les arrière-cours sordides, et la vie terrible "au-delà des fortif'". Le langage soutenu et la gouaille des p'tits Parisiens. Certains côtés corrompus de ceux qui devraient faire régner la justice, ou au moins essayer.
L'humour, grâce au jeune Féfé surtout, permet d'alléger le roman.
Et la couverture est magnifique, qui brille comme le rubis !!
À lire par tous, sauf les plus jeunes car ce monde interlope est dur, et certaines scènes assez peu ragoutantes !!
Ne me demandez pas à partir de quel âge, je m'aperçois chaque jour que je n'ai pas la même norme que la plupart. Je trouve qu'on fait grandir les enfants bien trop vite avec les lectures. Alors qu'on a la chance d'avoir d'innombrables livres adaptés à chaque âge.
Extraits :
Pour Edmond, ces écoles tenues par les bonnes sœurs transforment les jeunes filles libres et intelligentes en jeunes femmes dociles, voire serviles, sans aucune autre instruction que la Bible et de rares classiques n'invitant pas à la réflexion.
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Je veux être médecin, comme mon père ! Je n'ignore pas que cette profession est encore fermée aux femmes, mais il est temps de bouleverser ces mœurs archaïques. Les États-Unis sont en guerre pour mettre fin à l'esclavage, eh bien battons-nous ici pour mettre fin à la discrimination envers les femmes...
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Amoureux des sciences, fasciné par son époque où tout change et se modernise, il est convaincu que les femmes doivent également y participer. Mazette, pourquoi les brider alors que la société entière aurait à gagner à laisser s'épanouir ces esprits curieux, critiques et inventifs ?
Une enquête de Prospérine Cerisier
Éditeur : ScriNeo - 29 août 2024 - 316 p. - 16.90 €
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