Collection Lecture Academy - 314 pages
J'ai postulé à Masse Critique pour recevoir ce livre dans
l'espoir de compléter ma bibliothèque, où figurent la presque totalité des
romans d'Agatha Christie, ou du moins une grosse part (une des rares choses que
je "chine" dans les ventes d'occasion).
J'ai aussi acheté (neuf celui-ci !) son autobiographie, lue
et dévorée il y a plus d'une douzaine d'années.
J'étais donc forcément intéressée à découvrir celui-ci,
quoique un peu réticente, car j'ai en général un peu de mal lorsque la fiction
se mêle à la réalité, je cherche toujours à savoir ce qui est vrai et ce qui
n'est que roman.
Mais voila que j'ai été conquise dès les premières lignes.
Plus question de me demander si c'était vrai, ou inventé, j'ai
été prise et emportée par la lecture d'un roman passionnant.
L'histoire d'une jeune fille de bonne famille, à la fois
attachée à son éducation et à sa famille, et qui voudrait s'affranchir du
carcan de cette éducation.
Une histoire passionnante tout simplement parce qu'elle est
écrite de manière passionnante, qu'on s'intéresse à Agatha Christie ou pas du
tout.
Passionnante aussi parce qu'on y apprend énormément sur la
vie au début du siècle passée, dans cette catégorie de la société. Un temps à
la fois si proche de nous (mes parents n'avaient qu'une vingtaine d'années de
moins qu'elle) et éloigné de façon ahurissante de notre mode de vie.
Un mélange de fortes traditions, traversées par un vent de
modernité apporté par Agatha.
J'avoue que je languis de le faire lire à mes petites-filles
pour qu'elles découvrent comment on pouvait vivre cent ans avant elles.
Mais je m'aperçois en écrivant ces lignes que oui, c'est une
histoire tout de même très "filles" !
Et puis, au-delà de tout cela, j'ai quand même par moments
repensé à Agatha Christie, un peu regretté de ne pas savoir si les mots qu'on
lui prête ici sont vrais, mais surtout apprécié l'humour, en retrouvant des titres de livres qu'elle
écrira plus tard (au détour d'une phrase où Agatha s'ennuie dans une réunion
d'adultes ... "Le major parlait trop"), des passages dont on se dit
qu'ils vont fortement influencer son œuvre future.
Dans le début du roman, j'ai aussi été amusée des clins
d'oeil à Beatrix Potter, quand il est question dans le même paragraphe de la
cuisinière Mme Potter, du jardinier M. McGregor, et de lapins grignotant choux
et laitues.
En résumé, quelles que soient les raisons, et même sans
raison, un roman que j'ai vraiment apprécié et lu avec plaisir.
Je ne dirais pas que ça m'a donné envie de relire les polars
d'Agatha, car l'envie est toujours présente et j'en relis régulièrement. Par
contre, dès que j'en trouverai le temps, je vais relire son autobiographie, qui
m'avait déjà tant plu.
Et aussi me replonger dans Mary Westmacott. Je n'ai pour le
moment que "Loin de vous ce printemps" (ça se trouve moins facilement
en vide-grenier que les policiers)
L'écriture de Françoise Dargent, et le plaisir de lire qui
en découle, m'ont fait souvent penser aux textes signés Mary Westmacott.
Une très belle découverte.
Un grand merci à Babelio Masse Critique, et aux éditions
Hachette.
Extraits
p 11
Depuis la mort de son père, trois ans auparavant, Agatha
avait vu la moitié des domestiques quitter la maison. Les Miller n'en
employaient déjà pas beaucoup auparavant, mais désormais ne restaient que Mary,
la bonne, Mme Potter, la cuisinière et M. McGregor, le jardinier qui était trop
vieux pour trouver une autre place. Mme Miller ne lui tenait pas rigueur de
laisser les lapins grignoter ses rangées de choux et de laitues.
***
p 15
Et d'enchaîner que des Londoniennes se faisaient également
raccourcir les robes afin de montrer leurs chevilles. Leur mère avait sursauté.
***
p 17
Il fallait empêcher le notaire de parvenir à ses fins.
Comment ?
Conan Doyle aurait su ! Dans ses romans, l'écrivain
n'hésitait pas à orchestrer des meurtres et des disparitions. Un frisson
la parcourut à l'idée d'organiser la
disparition du vieux notaire. Elle pourrait peut-être essayer de l'empoisonner
lorsqu'il viendrait rendre visite à sa mère à Ashfield.
***
p 17
elle conclut définitivement que la vie n'était
malheureusement pas un roman.
***
p 34
si je faisais des études, je pourrais enseigner ...
- Tu es beaucoup trop jolie pour cela. Les professeurs
doivent avoir de la moustache et des verrues sur le visage. Sinon, ils ne sont
pas crédibles.
***
p 48
M. Jack ne va pas tarder à se réveiller. Je vais le préparer
pour le thé. Mme Watts demande à le voir plusieurs fois par jour, ça change de
la famille pour laquelle je travaillais auparavant. On ne présentait les
enfants à leurs parents que le soir avant le dîner.
***
p 144
Et toi Agatha, que comptes-tu faire ? Car il n'est pas
question que tu te maries bêtement et que tu passes le reste de ta vie à être
assise au coin du feu en train de broder ou d'attendre tout le temps je ne sais
quel heureux événement ...
***
pp 154 - 155
elle avait fait honneur aux vieux cantiques que défendait M.
Watts avec férocité face à ses enfants. Pour lui faire plaisir, elle avait
repris avec son hôte au salon "Les anges dans nos campagnes ont entonné
l'hymne des cieux".
***
p 236
un steak avec une bonne bière, quelques heures avant la
représentation et vous devenez une diva !
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