samedi 22 juin 2024

Sam et Sam - Rawia Arroum

 

Un roman ado, très riche, et que j'ai beaucoup aimé, même si je suis bien loin d'être le public "cible".
Avec une couverture aussi ado, il fallait oser à mon grand âge me lancer  😉 et je n'ai pas regretté !
Comment le résumer sans trop en dévoiler ?
C'est une romance. C'est aussi une amusante découverte de la vie en Corée du sud, et de tant de différences, vues aussi bien par la narratrice, Française, que par un jeune Coréen.
C'est le roman de l'amitié, des amitiés. Mais aussi (surtout ?) l'évocation de traumatismes d'enfants qui conditionnent toute la vie future, et qu'il est bien difficile de surmonter. Vaut-il mieux essayer d'y faire face, ou s'éloigner de quelques milliers de kilomètres.
Mais avant tout, c'est un petit roman qui se dévore avec grand plaisir.
Et d'après l'avant-propos de l'autrice, c'est en partie autobiographique.

Sam (Samantha) est partie vivre quelques temps en Corée du sud, grâce au programme PVT (que j'ai découvert à cette occasion !) pour essayer de fuir un traumatisme déjà ancien. 
Elle a apprécié cette expérience et au moment de repartir vers sa famille, son psy, ses médicaments, elle ne peut se résoudre à l'idée et fait volte-face à l'aéroport, renversant au passage un voyageur pressé, qui va ainsi rater son avion pour la France. 
Sam, lui aussi (!) ne va pas la lâcher comme ça, responsable d'avoir fait échouer son rêve. Car si tout l'oppose à Samantha, argent, nationalité, famille, caractère, ils ont au moins un point commun : un traumatisme à cacher, une situation difficile qu'on découvre peu à peu, derrière la façade du pauvre jeune homme riche.
Autour des deux Sam gravitent des personnages intéressants aussi, plus ou moins amicaux, plus ou moins fiables.
Samantha peut s'appuyer sur la concierge de son logement, une belle personne, adorable vieille dame qui l'aura bien aidée dans son séjour.
Sa relation avec son "grand-petit frère" est étonnante, chaleureuse et compliquée, et on comprendra mieux à la fin. Chacun son traumatisme, plus ou moins enfoui, plus ou moins révélé, mais qu'il faudra enfin dépasser pour arriver à vivre.
Mon résumé n'est pas très réussi, car il ne révèle pas la légèreté de ce roman, son côté sympathique, agréable, les découvertes sur un pays qui nous est étranger,  le plaisir de côtoyer les Sam, leurs amis,  leur monde.
Bref, un roman que je pensais lire comme un simple roman ado découvrant la Corée, et qui est tellement plus que ça.

Curieusement, pendant que je découvre ce roman, les images de la télé, (que je regarde très rarement mais là, elle était juste en route en face de moi, sans que j'écoute) montrent le dirigeant de Corée du sud. Ambiance !

Extraits :

Et pour une fois, je vois des enfants ! La population la plus jeune est aussi la plus rare dans cette ville. J’ai dû voir un enfant au bout d’une semaine à mon arrivée. J’ai failli lui demander un autographe.

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Ma priorité, c’était de me reconstruire loin de mes repères, durant une parenthèse.

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Il s’interroge sur les lettres muettes et les accords de notre belle langue de Molière. Il essaie de comprendre pourquoi on peut prononcer le « s » de « des fils » mais pas celui de « des filles ».
— Euh… Bonne question.
— Une table noire, ça prend un « e » ? se demande-t-il encore.
— Oui.
— Mais on ne peut pas dire une table marronne ?
— Non…
— Mais pourquoi ?
— Il faudrait interviewer le dictionnaire !

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En France, on a la journée d’appel… Je me dis que, si une guerre devait éclater, on aurait juste à brandir nos diplômes et sans doute que la partie adverse battrait en retraite, impressionnée par ce papier.

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— Quel âge ça vous fait, alors ?
— Quatre-vingt-dix ans en âge international !
J’en fais presque tomber mes plombages. Toutes ses amies applaudissent avant de déclamer leur âge chacune leur tour, très fières de leur vieillesse. Je trouve ça d’une beauté rare. Être capable de se réjouir de vieillir dans un monde comme le nôtre, ça n’a pas de prix.

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Le K-drama se passe à mon époque préférée : début Joseon. Ce que j’apprécie le plus dans cette période, c’est l’invention du hangeul, l’alphabet coréen, par le roi Sejong. Il a alphabétisé son peuple afin que celui-ci ne dépende plus des Chinois. Quand je vois les avancées de la Corée du Sud aujourd’hui, je me dis que les mots ont un vrai pouvoir.

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Un couple qui sait respirer ensemble ne manquera jamais de souffle.

Éditeur : Hachette - 22 mai 2024
Collection Romans - 360 pages - 19.00 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.

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