Traduit de l'anglais par Alice Delarbre
Editions La Loupe Collection 17 (Grands caractères)
Volume 1
J'aime beaucoup l'écriture de Victoria Hislop.
Sa façon de mêler une vraie histoire romanesque, avec des personnages forts et attachants, et l'Histoire, sans que ce soit rébarbatif ou qu'on ait envie de zapper les passages plus historiques me séduit à chaque lecture.
J'ai un peu moins été passionnée cependant par ce début de la Ville orpheline que par L'Île des oubliés, sans que je sache si ça vient de l'histoire, ou du moment où je l'ai lu. On n'est pas toujours dans le même état d'esprit quand on lit.
J'ai bien aimé pourtant que presque tout ce volume se passe dans un hôtel haut de gamme, un sujet qui me plaît, je ne sais trop pourquoi. Suivre les préparatifs puis l'ouverture de ce palace dépayse presque autant que la vie à Chypre.
En outre, côté historique, il s'agit d’événements dont j'entendais parler régulièrement aux infos à cette époque, sans que j'en comprenne réellement les tenants et les aboutissants. Les noms m'évoquent des souvenirs, et je comprends mieux la question.
Victoria Hislop reprend ici le sujet de la cohabitation entre deux peuples, comme dans Le Fil des souvenirs. Cohabitation simple et agréable au départ, avant que la politique et les extrémistes ne s'en mêlent.
On entre moins cependant dans la vie de ces gens, Grecs vs Turcs, habitués à vivre en bonne intelligence ou au moins à s'ignorer, que dans le précédent.
Ici, outre le bel hôtel, et la vie de ceux qui y participent, la réflexion est surtout que dans tout conflit, toutes les communautés sont perdantes. De chaque côté, des morts, des malheurs, des familles brisées.
Roman après roman, Victoria Hislop nous fait pénétrer de l'intérieur dans l'histoire de ces peuples qu'elle connaît si bien, Grecs, Turcs, de la Crête à Chypre.
Ma note pour ce volume 1 : 3/5
Extraits :
Famagouste, 15 août 1972
Famagouste était d'or. La plage, les corps des vacanciers et les existences de ceux qui s'y étaient établis, tout était doré par la chaleur et la bonne fortune.
L'union du sable fin, pâle, et de la mer turquoise créait la plus parfaite des baies du Bassin méditerranéen, et l'on venait du monde entier jouir de ses températures douces, goûter le plaisir voluptueux des eaux calmes qui venaient gentiment vous caresser.
On y avait un avant-goût du paradis.
(Pour babelio :)
Lorsque Irini parlait de Makarios, elle pensait avec affection à un prêtre barbu. Son épouse aurait vénéré n'importe quel homme en tenue liturgique. Vasilis, lui, voyait un politicien aux yeux perçants et avait la conviction qu'il était constitué de deux versants très distincts.
…le contact d’une orange à la peau rugueuse dans sa paume, le poids d’un filet d’olives, le spectacle inattendu d’un tapis de pousses saillies de sa terre noire et fertile justifiaient tous ses efforts. À ses yeux, de telles joies transcendaient les autres et aidaient à anesthésier la douleur.
Chypre était un sujet de grande nostalgie pour eux tous. Les souvenirs de leurs existences merveilleuses restaient vivaces. L’air, le parfum des fleurs, l’arôme des oranges. Aucune de ces choses ne pourrait plus jamais être aussi douce.
Volume 2
Le 2e volume est moins "léger" que le 1er, qui malgré l'inquiétude qu'on sentait planer nous contait encore une ville insouciante et paradisiaque.
Curieusement ce deuxième volume est vraiment plus émouvant que le premier, et même s'il est bien plus triste, j'y suis mieux "entrée".
Je dis curieusement car en principe, il s'agit d'un roman en un seul tome, divisé en deux volumes pour les besoins de l'édition en grands caractères.
Il est donc un peu surprenant qu'il y ait (à mes yeux) tant de différence d'un à l'autre.
Même si on s'y attendait depuis le début, ça bascule soudain complètement.
Ici, comme dans d'autres titres de l’auteur, on voit de près l'amitié entre des familles de confessions différents, et le déchirement de se quitter. Sauf que là, ce n'est pas une amitié de longue date, mais une méfiance réciproque qui cède peu à peu le pas, à mesure qu'on se connait mieux.
Finalement, alors que je n'avais pas un grand enthousiasme au début, je n'ai plus pu le lâcher.
Dommage, une fois de plus, que la 4e de couv, du volume 1 ici, dévoile ce qui va se passer près de 400 pages plus loin, dans le 2e.
Ma note pour ce volume 2 : 4 / 5
Extrait :
- Pourquoi fuirions-nous devant notre propre peuple ? souligna Halit.
- Ce n'est pas notre peuple, papa ! Ils sont turcs.
- Ne sont-ils pas venus garantir notre sécurité ? rétorqua Halit.
[.....]
- C'est le chaos dehors. Comment sauront-ils qui est qui ?
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