jeudi 9 mars 2017

Un soir à Sanary - Michèle Kahn

Roman
Editeur : Le Passage 2016 ; 286 pages.
Résumé Babelio

Pour une fois, sur une roman adultes, une chronique très personnelle, (vous n'êtes pas obligé de la lire  ;-) mais je me sens obligée de l'écrire) !

J'ai demandé ce livre juste à cause du titre, sans idée du contenu (et je l'ai commencé de même, toujours sans regarder la 4e de couv.)
Je veux dédier cette lecture à ma soeur, qui m'a fait découvrir Sanary et m'y a amené en vacances plusieurs années. Lecture découverte juste trop tard, j’aurais tant aimé en parler avec elle, évoquer les lieux que j'y retrouve et dont je n'avais plus entendu le nom depuis 50 ans.

J'ignorais totalement que Sanary avait accueilli tant d'artistes allemands très connus, qui fuyait le nazisme.
Mais je me souviens bien que c'est là que j'ai eu le désir d'apprendre la langue allemande, parce que nous croisions souvent, sur le chemin de la plage, des groupes de jeunes dont je ne comprenais pas un mot, ce qui est frustrant. J'ignorais qu'ils étaient peut-être les descendants de tant de personnalités ou sur leurs traces ! Et j'ai attendu un demi-siècle avant de me lancer enfin dans l'apprentissage de l'allemand (sans grand succès hélas !)



Un roman que j'ai bien apprécié car il m'a fait découvrir une période  de l'histoire, et rencontrer beaucoup de peintres, photographes, et personnes célèbres. Je suis assez ignare en matière d'art, les noms me parlent mais c'est à peu près tout.
Et ici, on rencontre tous ces personnages, on suit leur vie, parfois même un peu trop intime, mais ça les rend plus proches.

J'ai découvert aussi ce côté ignoré, les allemands ayant fuit le nazisme,  mais que les Français assimilaient malgré tout souvent aux nazis.

Un texte entre roman et témoignage historique, puisque si le narrateur, son épouse et sa correspondante sont des personnages de fiction, tous les autres ont existé, et récits et anecdotes sont véridiques.

Il est aussi question dans ce roman du sinistre camp des Milles.
J'ai passé les vingt premières années de ma vie à une douzaine de kilomètres de là, et je n'en ai entendu parler que bien plus tard, et encore juste de nom.
Il est vrai que c'est un endroit où je ne passe jamais, je ne saurais même pas y aller.
Au lycée dans les années 60 (à dix km de là !) on n'évoquait même pas cette période je crois bien (j'ai peu de souvenirs de mes cours hélas), vieille de moins de 25 ans !
C'est dans ce roman que je l'ai vraiment découvert.

Un roman que j'ai donc bien apprécié, autant par tout ce qu'il m'a apporté que par le style et la facilité de lecture.
Je trouve toujours un peu frustrant les romans épistolaires où seuls un des interlocuteurs s'exprime, on n'a jamais les réponses de l'autre.
Mais c'est peu gênant ici, les lettres étant surtout le prétexte à raconter à la fillette tout ce pan de l'histoire.
J'ai eu par contre un peu de mal avec la chronologie. Pas mal d'allers et retours dans le temps m'ont souvent un peu perdue, ayant assez peu de connaissance sur cette période (et d’autant plus que j'ai lu ce livre assez lentement, par petits morceaux, faute de temps).
Un peu de mal aussi à comprendre qui était cette fillette (ou  jeune fille ?) à qui il écrivait, et le pourquoi de ces lettres. Mais ce n'est finalement pas ça l’important.

PS : je cherche sur le site du Musée Mémorial du camp des Milles, pour voir ce qui s'y passe actuellement, et je vois qu'en décembre il y avait un spectacle à partir d'un texte de Lion Feuchtwanger, un des artistes dont il est le plus question dans le roman.


Extraits :

Ce que j'ai fait sans me douter que s'exiler, c'est s'arracher la peau avec ses propres ongles.

***

En exil, le café est le lieu où, dans les volutes de fumée, les bouffées de nostalgie redonnent vie aux foyers, aux joies, aux amis d’antan, lorsqu'on habitait le pays de son enfance.



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