lundi 13 août 2018

Cinq ami(e)s au soleil - Emma Sternberg

Un vrai bon roman feel good comme je les aime.
Je l'ai dévoré en trois jours, et je regrette à présent de l'avoir terminé si vite, Linn et ses colocataires me manquent !

À un moment de sa vie où elle se retrouve, subitement, sans compagnon, et probablement aussi sans travail ni logement, Linn voit arriver une surprise inimaginable : hériter d'une maison proche de New York.
En d'autres temps, elle aurait probablement réfléchi, pris conseil, mais désemparée comme elle l'est, elle signe et part sur un coup de tête se rendre compte sur place.

Et ce qu'elle découvre est encore plus inattendu :
D'abord, un peu de déception, elle a entendu New York, et s'est immédiatement réjoui. Mais l'État n'est pas la ville, et la voilà loin de toute civilisation ou presque.
Deuxième surprise : la maison et la propriété sont une merveille, bien plus grandes et belles qu'elle ne s'y attendait. Assez mal entretenue, mais dans un des coins les plus huppés d'Amérique.
Mais une autre surprise de taille l'attend : la maison est habitée. Non pas juste par une gardienne comme elle peut le croire d'abord. Par cinq personnes âgées réunies là par des événements qu'elle découvrira peu à peu. Et qui vont peser lourd dans les décisions qu'elle doit prendre.

En même temps, on apprend à connaître Linn.
Elle a perdu très jeune ses parents, a vécu en famille d'accueil, et elle est profondément marquée par ce début de vie difficile. Toujours craindre d'être rejetée, agir pour plaire, ne rien faire qui risque de déplaire, de peur d'être abandonnée.
Tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à une famille, l'attire comme un aimant.
Sa personnalité, très attachante est vraiment façonnée par cette enfance.
"Quelque chose, dans cette maison, me touche profondément.

Est-ce parce qu’elle ressemble à la maison du bonheur, telle qu’on la voit dans les livres d’enfant ? Parce qu’elle est jolie, romantique, pleine de fantaisie ? Ou parce qu’elle a tout de la maison dans laquelle habiteraient ensemble plusieurs générations d’une même famille, les quatre enfants et tous les grands-parents sous le même toit, avec la grand-mère qui, les après-midis, confectionne de délicieux gâteaux embaumant toute la maison ?
Soudain, je la sens de nouveau, la main de ma mère ; elle m’effleure la joue. Oh, nostalgie, quand tu nous tiens…"

J'avais été attirée par le fait que ça se passe en Amérique. Un peu comme Linn, j'ai lu New York, et j'ai pensé New York City. Mais comme elle, je n'ai pas été déçue de me retrouver presque à la campagne, et en bord de mer.
De plus, j'ignorais tout des Hamptons, et j'apprécie d'avoir découvert ce coin d'Amérique, même si très vite on oublie le côté à la mode pour se retrouver dans un lieu quasi désert, un endroit qu'on rêverait de parcourir en vrai.

J'ai été particulièrement émue par le court passage sur l'enfance de Dotty, qui relate le retour de son père de captivité. Ce qui fait la trame du roman "Le père de la petite" de Marie Sizun nous est ici narré en quelques lignes très fortes et criantes de vérité. Touchée de près par ce sujet, rien que ces quelques pages valent déjà la lecture.

J'ai tout aimé dans ce livre.
L'héroïne, Linn, à la fois les pieds bien sur terre, et dépassée par ce qui lui arrive.
Les locataires de la maison, des personnalités si différentes, bien campés, qui mettent en commun le peu qu'ils ont et tout ce qu'ils savent faire.
La gentillesse et la douceur de Ted
La visite de ce coin des États-Unis que j’aimerais tant voir en vrai.
La découverte peu à peu de ce qu'a été cette tante Dotty.
L'histoire, tendre et prenante et surtout l'ambiance, très agréable même si la période semble un peu compliquée pour Linn.

On devine assez vite ce qui va se passer, aussi bien côté coeur que côté argent, et malgré quelques rebondissements, on n'est pas vraiment surpris.
Mais ça ne m'a pas du tout gênée, j'étais si bien en leur compagnie !

J'aime beaucoup la couverture, les couleurs pastel, la plage, le titre en relief, les feuilles brillantes qu'on devine à peine et ... le verre à cocktail qui ne se révèle que sous un certain angle.
À mon avis cependant, elle ne reflète pas vraiment le roman.
On n'y retrouve jamais les "ami(e)s" sur la plage, seule Linn y passe de longs moments. Pas de chaises longues ni de farniente au soleil. J'aurais mieux vu ici une vieille belle maison entourée d'une végétation un peu folle.
Mais on peut prendre ça comme une invitation à le lire sur la plage !

Vous pouvez télécharger ICI les premières pages du roman.

Je suis heureuse de découvrir les éditions L'Archipel. Que curieusement je ne connaissais jusqu'à présent que par un livre jeunesse (Nanny McPhee & le Big Bang, à la fois roman et récit du tournage du film). Et je les remercie pour ce très bon moment.


Extraits :

Et ce Komarov voudrait aménager ici un jacuzzi ? Une terrasse avec barbecue ? Au coeur de ce lieu paradisiaque ? Il ne pourrait pas tout bêtement enfiler une doudoune et poser ses fesses sur le banc pour admirer la mer quand il fait plus froid, comme toute personne normale ?

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- Pour les gamins du Queens, quelques feuilles de laitue à la cantine, c'était déjà trop de nature,

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Du temps, je n'en ai pas, mais les mamans passent avant tout le monde, tu le sais bien.

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le travail est plus agréable quand on voit dans son personnel non pas des pions chargés d'effectuer des tâches, mais des êtres humains dont on est responsable et dont le bonheur vous tient à coeur.

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Mille mouettes sont moins bruyantes que trois Américaines qui ont bu un petit coup.

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Pour être aimé, il faut s'abandonner aux autres.

Traduit de l'allemand par Jean-Marie Argelès et Laurence Richard
Titre original : Fünf am meer (2016)
Éditeur : L'Archipel - 6 juin 2018 (NOUVEAUTÉ) 393 pages
Résumé Babelio



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