jeudi 23 août 2018

Mon oncle et mon curé - Jean de la Brète


Quelle amusante lecture, à la fois parce qu'il y a pas mal d'humour dans le texte, et parce que c'est tout à fait charmant de lire une histoire aussi ancienne
Curieusement, j'ai eu l’impression que c'était bien plus vieux que Jane Austen, alors que ça a presque un siècle de moins.
C'est tout de même joliment désuet.



Reine, seize ans, vit totalement à l'écart du monde, chez une vieille tante qui l'a recueillie pour son héritage, qui la maltraite et l'humilie.
La seule personne qu'elle a le droit de voir, à part les domestiques, est "son" curé, qui lui sert de précepteur, et qui, par chance, est une très belle personnalité, à la fois bon, intelligent et plein d'humour. Ce qui probablement sauve la fillette.
Par hasard, elle rencontre un lointain cousin, dont elle tombe forcément amoureuse, puisque c'est le seul garçon de sa connaissance.
A la mort de sa tante, elle est recueillie par un oncle, chez qui elle va revoir fréquemment le jeune homme. Elle y gagne aussi une charmante cousine.
Intrépide et vive, elle montre beaucoup de naïveté, et aussi beaucoup d'impolitesse. Elle n'a pas appris en vivre en société, et les mœurs de l'époque sont assez strictes.
Elle est parfois amusante, mais m'a agacée aussi, par son extrême naïveté en se vantant de tout savoir.

En fait, on a l'impression qu'elle a plutôt douze ou treize ans que seize, reflet d'une époque lointaine sans doute.

Je dois dire que je me suis bien amusée à cette lecture, que j'ai dévoré en rien de temps. Drôle, mais on y apprend beaucoup de choses sur l'époque.

Merci à Effe qui m'a demandé si je connaissais ce roman. J'ai cherché, découvert qu'il était dans le domaine public (donc gratuit en numérique), et immédiatement commencé à le lire !

Je note un peu plus d'extraits que d'habitude, pour se rendre compte du style.

Extraits :

- Sais-tu une chose, Suzon ? Tu as dû être bien jolie dans ta jeunesse ! dis-je, en pensant à part moi que, si j’avais été son mari, je l’aurais mise à cuire dans le four pour m’en débarrasser.
Emplacements 507-508

***
De ma vie je n’avais lu un roman, et je tombai dans une extase, dans un ravissement dont rien ne pourrait donner l’idée. Je vivrais neuf cent soixante-neuf ans, comme le bon Mathusalem, que je n’oublierais jamais mon impression en lisant la Jolie Fille de Perth. J’éprouvais la joie d’un prisonnier transporté de son cachot au milieu des arbres en fleurs, du soleil : ou, mieux encore, la joie d’un artiste qui entend jouer pour la première fois, et d’une manière idéale, l’œuvre de son cœur et de son intelligence. Le monde qui m’était inconnu, et après lequel je soupirais inconsciemment, se révéla à moi tout à coup. Une lueur se fit si soudainement dans mon esprit que je crus avoir été jusque-là stupide, idiote. Je me grisai, m’enivrai de ce roman rempli de couleur, de vie, de mouvement.
Emplacements 550-557

***
le sol, loin d’être uni, était formé d’une quantité de crevasses et de monticules qui invitaient les fidèles à se casser le cou et à profiter de leur présence dans un lieu sanctifié pour monter plus tôt au ciel
Emplacements 678-680

***
- Monsieur le curé, m’écriai-je en m’élançant vers lui, il y a un homme dans le salon ! 
- Eh bien ! Reine, un fermier, sans doute ?
- Mais non, monsieur le curé, c’est un homme véritable. 
- Comment, un homme véritable ? 
- Je veux dire que ce n’est ni un curé, ni un paysan ; il est jeune et bien habillé. Entrons vite !
Emplacements 768-772

***
- Ah ! mamselle, me dit Perrine, vous seriez une belle et bonne vache que je n’aurais pas plus de chagrin en vous quittant.
Emplacements 1153-1154

Autrice : Jean de La Brète, nom de plume d'Alice Cherbonnel.
Éditions Bibebook - Format numérique.
Première parution : 1889 - Environ 250 pages.
Résumé Babelio
Prix de l'Académie française (Prix Montyon) en 1890
Adapté au cinéma en 1938




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