jeudi 7 juin 2018

Bandiya - La fille qui avait sa mère en prison - Catherine Grive

Coup de coeur pour ce roman très frais, très émouvant, facile et agréable à lire, et totalement inattendu pour moi.
J'ai eu la chance de le gagner sur Facebook.
J'avais tenté au hasard, je connais Fleurus surtout pour ses magazines, et pour ses albums pour les petits. (Dont la collection Petit Garçon, si décriée mais qui plaît tellement à mes petits-fils ! Et aussi l'excellente et infinie série de Philippe Legendre "J'apprends à dessiner...").

Nous sommes ici dans une toute autre tranche d'âge. En fait, tranche très large, car comme pour la série de Gwenaële Barussaud Les lumières de Paris, que j'ai beaucoup aimé, il s'agit d'un roman qui peut convenir aussi bien aux adolescents qu'aux adultes, voire même aux enfants bons lecteurs. Je ne sais pas quel public vise cette collection, mais ça me parait adapté à tous.

La prison vue à la hauteur d'une fillette de quatorze ans, qui y est née, puis a été séparée de sa mère à l'âge obligatoire de deux ans.
Une famille atypique et néanmoins chaleureuse : sa mère, mais aussi sa tante et sa grand-mère sont toutes emprisonnées pour un casse qui a mal tourné.
Zoé vit avec son père et son grand-père, qui la dorlotent tout en s'étonnant parfois qu'elle ne grandisse pas plus vite dans sa tête et son corps.
Et qui entretiennent la légende des femmes de la famille, sortes de Robin des bois.
Pour compléter ce tableau un peu surprenant, l'avocat de la famille est son parrain.

Elle a une relation très forte avec sa mère, qui essaie de se conduire en mère, malgré les barreaux. Elle va la voir chaque semaine, se sent proche et rêve de pouvoir un jour vivre réellement avec elle.
Elle veut aussi que sa mère et sa grand-mère soient fières d'elle.
Pour cela, elle s'efforce de marcher sur leurs traces, et d'abord de vaincre sa peur.

C'est étonnant, tendre et prenant.
On se laisse aller à espérer le meilleur pour cette fillette si attachante, mais que serait le meilleur dans une telle situation ?

Il y a de l'humour, mais ce n'est pas du tout un humour déjanté autour d'une famille de cambrioleur.
Je pense que ce roman nous oblige à voir autrement toute personne emprisonnée, et surtout sa famille.



Je remercie vivement les Éditions Fleurus, car je n'aurais jamais pensé à aller vers ce roman. Qui me marque, bien que léger et de lecture facile.

Extraits :

Chapitre 5
Ma sortie de prison

J'avais deux ans quand je suis sortie de prison. À cet âge, la loi oblige les bébés à quitter leur mère pour aller vivre dans leur famille ou à la DDASS pour ceux qui n'en ont pas.
Je ne garde bien sûr aucun souvenir de cette période. Il parait que j'ai fait mes premiers pas dans la cour, que j'ai vomi sur un ministre venu faire des promesses qu'il n'a pas tenues, que les femmes se battaient pour changer mes couches, donner mon biberon, me chanter des berceuses, me boucher les oreilles quand la grosse sonnerie retentissait, me cacher les yeux quand une dispute éclatait entre deux détenues. Je passais ma vie comme ça, de bras en bras, de petits surnoms en petits surnoms : Bandiya, Voyouse, Filoute, Pirate...

***
je dirais qu'on ne retient que les échecs, les erreurs de parcours. Personne n'est là pour compter le nombre de fois où on a traversé au vert sans se faire écraser. C'est injuste.

***
L'absence de ma mère, je l'ai très bien supportée car je n'ai jamais connu autre chose. Rien ne peut nous manquer qu'on n'a pas déjà possédé.

***
Je sais qu'elle veut m'épargner en ne me racontant pas tout en détail, mais cacher la vérité c'est ce qu'il y a de plus mauvais dans la vie. Je ne comprends pas que des parents ne saisissent toujours pas ça, alors qu'on ne cesse de le répéter à la télé, dans les journaux, partout.

Éditeur Fleurus - 234 pages
8 juin 2018 - (NOUVEAUTÉ)
Résumé Babelio

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