J'ai mis un peu de temps à y entrer, des histoires qui se croisent, beaucoup de personnages.
Et puis, je me suis attachée profondément à Janice, à Mme B., à Euan.
Et aussi à Adam, à Decius, et même à Mycroft. Et j'ai aimé détester Mike, et Tiberius ! J'ai eu bien du mal à tous les quitter.
Difficile d'en parler, et d'aller au-delà du résumé, sans trop en dire. Car c'est peu à peu qu'on va comprendre qui est Janice, toutes les failles de son existence qui l'ont amené à savoir écouter si bien, mais à si peu s'écouter elle-même.
Janice est femme de ménage, et, au-delà de son travail qu'elle fait soigneusement, elle écoute, et "porte" même certains de ses employeurs. Il y en a aussi qu'elle déteste, comme Mme OuaisOuaisOuais, et son mari M. NonNonPasMaintenant ! Mais elle ne les quittera pas parce qu'en plus du nettoyage, elle promène Decius, et elle s'est attachée à ce chien extraordinaire qui parle à elle seule.
Mais quand cette employeuse lui ordonne presque de s'occuper de sa mère, une vielle dame qui semble très difficile, Janice ne sait que faire.
Un appartement dans un vénérable "college" de Cambridge. Un chien à la répartie facile. Un mari toujours prêt à dénicher le boulot idéal (ou pas). Un chauffeur de bus professeur de géographie (ou pas ?). Une vieille dame qui cache bien son jeu. Une espionne, un gamin qui a peut-être réussi sa vie, et aimé l'internat.
Janice aide autour d'elle, mais peut-être toutes ces rencontres l'aideront-elles aussi, à comprendre sa vie, et à la prendre en main. C'est tendre, émouvant, drôle, et je n'arrive pas à quitter ce petit monde alors que j'ai terminé ce roman depuis plusieurs jours.
Quelle chance de croiser Janice.
Extraits :
Elle sait que le simple fait d’avoir raconté son histoire à son amie a changé quelque chose en elle - cela, et le fait d’avoir ensuite parlé à sa sœur. Rien n’a changé, mais tout est différent maintenant - dans le bon sens.
***
Tiberius reste interdit et regarde à droite et à gauche, décontenancé.
- Vous voulez bien me rendre service, ainsi qu’au monde entier, et fermer votre grande gueule, espèce de connard ! rugit-elle.
Tout le monde se tait et se fige autour d’eux.
- Laissez-moi vous dire que de toute ma vie, je n’ai jamais rencontré un type aussi malpoli, pédant et vaniteux. Par ailleurs, vous êtes sans aucun doute l’homme le plus ignorant qu’il m’ait été donné de croiser - et j’ai été mariée à un abruti total, alors je sais de quoi je parle, croyez-moi. Quant à me traiter de malhonnête, je trouve ça assez gonflé de la part d’un arnaqueur comme vous. Vous le savez, et je le sais aussi.
Elle pivote sur ses talons pour regarder les gens présents dans l’allée, qui recommencent tout à coup à s’animer.
- Et eux aussi le savent, maintenant.
***
Elle se demande si les histoires ne servent pas en partie à partager les bonnes choses de la vie, mais également à permettre au conteur d’expulser les mauvaises choses, de les laisser se disperser comme de la poussière dans le vent.
***
La plupart des personnes pour lesquelles elle fait le ménage apportent quelque chose de spécial à sa vie, et elle espère, d’une manière ou d’une autre, contribuer un peu à la leur.
***
— Non, regardez plutôt mes livres. Ils vous diront tout ce que vous avez besoin de savoir sur moi. Commencez par là.
Titre original : The Keeper of Stories (2021)
Traduit de l'anglais par Maryline Beury
Éditeur : L'Archipel - 7 mars 2024 - NOUVEAUTÉ
Collection : Évasion - 368 pages - 22.00 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire