Une ambiance très classique : des gens très divers réunis dans un château pour Noël, tempête de neige les isolant, un malfaiteur qui rode, un mort bien entendu. Des invités pas très heureux de se retrouver là, et en cette compagnie, quelques affaires louches qui semblent se tramer.
Mais en plus de l'originalité due aux enquêteurs, j'ai apprécié l'écriture, je suis entrée tout de suite dans le plaisir de lecture, un texte agréable, bien écrit, avec ce qu'il faut de détails, ni trop ni trop peu. (Et ça, c'est assez rare dans les cosy mystery !)
1862, bientôt Noël. Deux jeunes étudiants des beaux-Arts sont désignés par leur professeur pour passer quelques jours dans un château à la campagne, et peindre chaque invité, tableau qui sera offert à chacun.
Ces deux jeunes gens, admirent leurs aînés déjà connus, comme Edouard Manet.
Personne pour le moment ne connait leur nom, Auguste Renoir, et Oscar Monet, qui préfère qu'on l'appelle Claude.
Peindre les invités leur impose de les observer, à chaque moment. et ce sera bien utile.
Le choix de peintres inconnus s'est imposé, car ils découvrent vite que les habitants du château sont loin d'être fortunés.
Ce qui est moins compréhensible, c'est pourquoi avoir voulu inviter tout ce monde, dont la plupart aurait préféré clairement être ailleurs.
Beaucoup de choses paraissent surprenantes, voire inquiétantes.
Quand la mort frappe, alors qu'ils sont isolés par la neige, ils aimeraient continuer à se tenir à l'écart de ce monde qui n'est pas le leur, et se réfugier encore dans leur peinture.
Mais ils prennent vite conscience qu'ils font un peu figures d'intrus, inconnus de tous, pas le même monde, et qu'ils sont donc en première ligne comme suspects, voire même les seuls.
Découvrir le(s) coupable(s) serait un bon moyen pour eux (le seul ?) d'être innocentés.
Mais ils n'ont pas grand chose à part leurs dessin pour les aider dans leur enquête.
Le début m'a bien amusée : Le chatelain explique à l'ami qu'il voudrait inviter qui seront les autres invités, et pour chacun c'est très élogieux. Et puis chaque chapitre suivant présente un des invités ou un couple, à cet instant. Le titre reprend la phrase élogieuse, mais la réalité est à l'opposé.
J'aime bien la couverture, qui nous plonge joliment dans l'ambiance.
Je suis toujours un peu perplexe quand on fait intervenir dans des romans des personnes réelles, à qui on prête des actes et des paroles imaginés.
Mais, j'ai apprécié cette incursion dans le monde de l'art, au niveau de jeunes étudiants pas connus du tout. Toujours prêts à esquisser un dessin, à voir ce qui se passe à travers leur carnet de croquis.
Le choix de ces jeunes enquêteurs n'est pas juste pour avoir des noms célèbres. Il y a bien des parallèles entre la peinture, les tableaux, et la recherche de la vérité, tout à au long de l'histoire.
Et leurs esquisses les aideront à comprendre.
J'ai eu beaucoup de chance d'obtenir ce roman lors de la masse critique mauvais genre d'octobre, je ne m'y attendais pas car un des plus demandés (415 demandes !!), j'ai vraiment apprécié cette lecture.
J'espère retrouver bientôt ce duo dans un nouvelle enquête.
Extraits :
Le travail rend triste, c'est ce qu'elle avait appris très tôt.
***
Un voile froid recouvrit son visage et il n'osa pas ouvrir ses paupières. S'il était mort, il avait l'éternité pour s'en rendre compte.
***
Il était arrivé souvent, ces derniers temps, que son attitude lui vaille des remontrances du professeur des Beaux-Arts. Renoir aussi, malgré son caractère plus doux, s'était emporté parfois contre le vieux Gleyre. Ce dernier leur reprochait de gâcher leur talent à des choix picturaux douteux. Lui-même ne jurait que par la perfection telle que la voyait l'art antique. Mais Renoir préférait peindre les hommes avec leurs défauts et Monet les paysages comme il les percevait.
***
Pendant ce temps, Auguste agitait mollement son pinceau autour du visage sévère de la tante Yvonne la toile était presque terminée. La réalisation était remarquable, il savait peindre les personnes au delà du physique. Sa maîtrise technique le rendait capable de mille subtilités. Il savait jouer avec les profondeurs, les contrastes dans les formes et les couleurs. Et justement, à cet instant, il voyait ce double meurtre comme un tableau bancal.
Éditeur : J'Ai Lu - 2 octobre 2024 - 217 pages - 14.90 €
Je remercie Babelio, et les éditions J'Ai Lu pour cette agréable découverte.
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