Je ne suis pas une grande lectrice de Zola, à part Au Bonheur des Dames ! (Par contre, le barrage Zola, dont il nous parle au début de ce roman, lieu de promenades il y a bien longtemps...)
Mais c'est surtout son amitié avec Cézanne, l'enfance provençale de ce petit Parisien, qui m'ont attirée vers cette lecture.
Elle va nous emmener à la découverte d'un grand personnage, mais aussi d'un monde et d'une époque.
Un texte écrit à la première personne, avec beaucoup d'extraits de ses romans et de ses courriers.
J'ai trouvé particulièrement intéressants la partie sur sa visite de la mine, ses rencontres avec les mineurs, et son souci de perfection, en accumulant un maximum de documentation.
Beaucoup apprécié aussi que soit narré en détail l'affaire Dreyfus, sous le prétexte, toujours à la première personne, de mettre au courant un Anglais, rencontré par hasard, qui admire l'œuvre de l'écrivain.
Je n'en connaissais que l'essentiel (Le célèbre "J'Accuse"..., les caricatures ...) et on voit ici toute la longueur et la profondeur de cet épisode.
Par contre, j'ai été étonnée de découvrir, sous la plume d'une autrice qui le fait parler, qui s'est donc intéressée de très près à sa vie, un homme qui m'a paru très déplaisant ! Le propre de l'artiste d'être aussi égoïste et centré sur lui-même ?
Que ce soit vis à vis de sa mère, qui se tuait à la tâche pour le nourrir, tandis qu'il refusait les emplois qu'il considérait comme indignes de lui, puis qui devait supporter d'assumer son ménage en même temps que son épouse. Puis vis à vis de ses deux femmes, car il avait toujours besoin d'être au centre, et qu'il était navré de ne pas en être heureux, pensant toujours beaucoup plus à lui-même qu'aux autres.
Il est vrai qu'on n'a que la vue de l'auteur de ce livre, mais comme il s'appuie sur beaucoup de textes de Zola, ça doit être assez proche de la réalité.
J'ai beaucoup apprécié la dernière partie, où la narratrice est à présent sa fille.
On y découvre un Zola bien plus sympathique, chaleureux et émouvant. Malgré la vie en marge qu'ont dû mener ces enfants.
Auprès du "Grand Homme" c'est peut-être Alexandrine et Jeanne qu'il faudrait le plus admirer ?
Après ma découverte de cette collection Destinées avec Le Perroquet de La Fontaine, puis Molière, et sa troupe à la conquête de Paris, romans pleins d'actions et d'aventures, celui-ci est plus dans la réflexion les considérations sur l'art, le rôle de l'écrivain, un côté politique forcément avec cet auteur. Qui pour moi font réserver ce texte à des lecteurs déjà aguerris.
J'ai beaucoup de mal à imaginer mes jeunes collégiens, (qui se régalent encore de Gurty !) se lancer dans une telle lecture. À part de très bons lecteurs préparant un exposé ?
Et parmi les ados que j'ai autour de moi, très peu sont intéressés par ce sujet.
Dommage !
Suivi d'un long dossier, cahier documentaire, biographie, bibliographie.
Extraits :
Chaque temps a sa forme et son expression particulières, la société d'aujourd'hui n'est plus celle d'hier. En littérature comme en peinture, nous nous devons d'être novateurs et de trouver la forme qui correspond à notre époque.
***
Je veux dénoncer l'insupportable, montrer ce que notre société moderne engendre, ce coût humain qu'elle refuse de voir dans son obsession de confort et d'enrichissement. Il est temps que la France cesse de se laisser dévorer par l'ambition d'une poignée de politiciens, il est temps qu'elle s'occupe de la santé et de la richesse de tous ses enfants.
Éditeur : Scrinéo - 30 avril 2025
Collection : Destinées - 248 pages - 14.90 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.
Mon coup de coeur de Jennifer Dalrymple :
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