Un humour très noir !
Un humour que j'ai trouvé un peu appuyé au début, mais ensuite, on se laisse emporter par l’histoire, on sourit beaucoup, et pourtant, ce n'est pas drôle !!
Un roman policier dans un coin charmant de Lozère ... À Margoujols, à la sortie de la guerre, un jour de 1945 un cirque "de monstres" s'est arrêté. Le directeur a été atrocement assassiné, et les "monstres" femme à barbe, lilliputien, homme-éléphant, soeurs siamoises... privés de leur employeur, ne sont plus repartis.
Et voilà que soixante-dix ans plus tard, le plus méchant de la troupe est assassiné, un meurtre qui ressemble fort au précédent.
Nous allons donc suivre une véritable enquête policière, menée par un gendarme sans grande envergure, et son stagiaire, gentillet mais pas forcément très dégourdi. Et une population qui s'empresse de collaborer, en apportant des monceaux de documents.
Désir de se laver de tout soupçon, d'accuser ses voisins, de participer à une "distraction" dans le village ?
Tout cela serait déjà assez distrayant, mais en plus, la narratrice est la fille du maire, totalement paralysée, à l’exception d'un doigt.
Pas facile pour se joindre à l'enquête, mais elle a de la ressource, et un fauteuil ultra performant.
Elle se moque joliment d'elle-même et de son handicap,;
Par une sorte de mise en abyme, elle cherche à écrire un roman policier à partir de cette enquête, et ce n'est pas triste.
Mais sa vie elle-même n'est vraiment pas drôle, et tout en riant à ses réflexions, on voit bien le drame d'être cloué, sans pouvoir effectuer le moindre mouvement, toujours dépendre des autres, pour le moindre geste de la vie quotidienne.
Et parallèlement à l’histoire, on a de temps en temps des extraits du blog "Je vois la vie en monstre". On se doute qu'à un moment, les deux histoires vont se croiser forcément, mais ...
J'ai aimé les retournements de situation, les événements imprévus, la présence du couple de vacanciers et de leurs "charmantes" fillettes, une vraie énigme policière. Et aussi (ou surtout) la narratrice. Même si parfois, ses considérations sur les personnages du roman qu’elle veut écrire sont un peu moins intéressantes (à mes yeux) que le reste de l'action.
Sa façon de considérer sa vie (tellement limitée), de se moquer d’elle-même, c'est tendre et cruel à la fois. Je me prends à espérer la retrouver dans un autre roman.
Oh, j'allais oublier les autruchons !!
J'avais déjà lu de J M Erre : Prenez soin du chien, qui m'avait bien amusée aussi.
Et je vois que l’auteur semble faire une fixation sur les peintres sur coquilles d'oeuf, d'autruche ou pas !!
Extraits :
Margoujols Jour 1
10h07
Tout au long de ses soixante-dix années passées à Margoujols, avec une volonté de chaque instant qui forçait l'admiration, Joseph Zimm avait travaillé sans relâche au grand projet de sa vie : se faire détester par l'ensemble des habitants du canton.
[...]
Précisons néanmoins que Joseph était moins rejeté pour sa difformité que parce qu'il était raciste, misogyne, homophobe, pervers et supporter du PSG.
***
... car on pleure toujours sur soi, même quand on croit pleurer sur les autres.
***
Les contes de fées apprennent aux enfants que la difformité physique est toujours le reflet d'une laideur morale.
***
Non à la discrimination ! Je veux être insultée comme tout le monde, c'est une question de respect ! #RadasseSurRoulettes.
***
Pour moi, le monde se définit plutôt selon la partition valide / invalide. Et chez nous, femme ou homme, on est tous égaux : discriminés pareils.
***
Toujours réjouissant de voir les gens faire comme si tout était normal alors que leur visage exprime le contraire. Personne n’ose jamais me dire "Vous parlez ? C’est incroyable !" ou "Vous comprenez ce qu’on dit ?" ou encore "Alors vous n’êtes pas vraiment un légume ?" Ca ne se fait pas de parler à une handicapée de son handicap, au cas où elle ne serait pas au courant de son état.
Éditeur : Buchet-Chastel - 358 pages - 19.00 €
7 février 2019 - NOUVEAUTÉ
Résumé Babelio
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire