Les chants d'amour de Wood Place - Honorée Fannonne Jeffers

Difficile de parler de ce livre, un pavé de neuf cents pages présenté ainsi :

"Lauréat du National Book Critics Circle Award de fiction."

"Un des dix meilleurs livres de l'année pour le New York Times".

"Sur la liste du National Book Award."

"Le roman qui a bouleversé l'Amérique enfin traduit."

C'est en effet un témoignage très important sur la vie de la communauté noire, vue de l'intérieur ; un récit qui court sur plusieurs générations.

J'ai eu cependant du mal à m'attacher aux personnages, mais je l'ai lu à un très mauvais moment. On passe d'une génération à l'autre, des souvenirs au moment présent, et, pas assez attentive sans doute, je l'ai lu de façon un peu trop détachée. D'autant plus que certains passages sont vraiment terribles.

Je l'ai lu plutôt comme un documentaire, sur un sujet extrêmement important et intéressant.

J'y ai découvert W. E. B. Du Bois, importante personnalité et militant des droits civiques, dont j'avoue que je n'avais jamais entendu parler.

Beaucoup de choses m'ont interpelée bien entendu dans ce récit, mais je suis toujours surprise de l'importance donnée sans cesse au degré de foncé de la peau.

Tous ou presque, dans cette communauté de gens "de couleur" considèrent que plus la peau est claire, mieux c'est. Et sans cesse ce sujet revient, dans les conversations comme dans les considérations entre eux. On est toujours  plus clair ou plus foncé que d'autres, et c'est d'une importance capitale.

Un récit qui nous permet de prendre conscience de la rémanence des idées fausses et du racisme, et qui nous interpelle profondément.

Hélas, par manque de temps et de courage, j'avoue n'être pour le moment pas allée au bout de ce long réquisitoire.

Mais je compte bien m'y remettre, dès que ce sera plus simple pour moi, car c'est un livre qui mérite qu'on prenne son temps.

Extraits :

- Est-ce que les gens chez nous s'appellent autrement que Nègres ?

- Comme quoi, Bébé ?

- Noir par exemple ?

- Pourquoi qu'ils voudraient faire ça ? Personne a envie de s'appeler comme ça.

*** 

La Bible lui donnait l'absolution, car il y avait des histoires d'hommes qui abusaient des femmes, et même de leurs propres enfants ; 

***

le premier prénom qu'on lui avait donné à sa naissance était bien "Miss", afin que les Blancs fussent obligés de la respecter même s'ils n'en avaient pas envie.

***

[Il est question aussi de Ruby Bridges, dont je vous avais parlé avec l 'album "Ruby Tête haute"

***

Titre original : The Long Song of W.E.B. Du Bois (2021)

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Emmanuelle et Philippe Aronson

Éditeur : Les Escales - 7 septembre 2023 - NOUVEAUTÉ

Collection : Domaine étranger - 912 pages - 27.00 €

Lu en numérique via NetGalley que je remercie

Résumé Babelio

Norman Rockwell -The Problem We All Live With