Dans tous les romans où il en est question, on les présente comme une caste à part, les Brahmanes, grandes dames de Boston, descendante des familles des premiers colons. Descendantes des Puritains, rigides et extrêmement "à cheval" sur l'étiquette.
J'aime beaucoup Boston, ce roman ne pouvait que m'attirer. Je le lis (et le relis) avec un très grand plaisir.
Même si habituellement j'ai un peu de mal avec les sagas qui parcourent plusieurs générations, je n'aime pas quitter les personnages auxquels je me suis attachée, pour me retrouver de nombreuses années plus tard.
Mais j'ai trouvé ce roman très attachant. Et c'est un peu différent, puisque on suivra parallèlement différentes générations, et les époques s'éclairent l'une l'autre.
En tête de chaque chapitre (il y en a 29) est précisé la date, et le prénom.
On s'attachera essentiellement (dans l'ordre d'apparition dans le roman !) à
Kate, née au début du 20e siècle.
Emily, arrivée avec les premiers immigrants de Liverpool à Boston en 1688.
Sarah, la fille d'Emily, née en 1702.
Une autre Emily, la fille de Kate, née en 1950 (presque ma conscrite !!!)
Grace, arrière-petite-fille du "Patriote de Boston", née à la moitié du 19e siècle.
Le fil rouge est Kate, qu'on découvre au début toute jeune fillette en fugue vers New York, non pour échapper à sa ville et sa famille, mais pour rencontrer Charles Lindbergh. Et qui est stupéfaite de s'apercevoir que son nom, qui en impose tant à Boston, est inconnu à NYC. À onze ans, elle pensait que partout dans le monde, le nom de Stafford était reconnu, tant elle y est habituée.
Elle saura se révolter contre cette vie de nanti, puis rentrera dans le rang, et sa fille à son tour devra essayer de se démarquer. En lui reprochant ce qu'elle-même reprochait à sa mère.
Au gré des chapitres, on abandonne Kate et notre époque pour voir arriver les premiers immigrants, suivre les Puritains et leurs errements, voir comment se forme cette caste qui va devenir l'élite.
On passe d'une époque à l'autre, et tout s'éclaire !
On suit de l'intérieur la vie de ces dames si particulières.
Et tout en voyant évoluer ces familles, leurs contraintes, leurs désirs, c'est aussi la grande Histoire qui s'invite :
Pendaisons des "sorcières" de Salem (1692)
Boston Tea Party (1773)
"Chemin de fer" clandestin (début 19e, mais surtout 1850/1860)
Arrivée en masse des immigrants irlandais suite à la grande famine (1845/51).
Une autre "chasse aux sorcières" avec le Maccarthysme (1950-54)
Les assassinats des Kennedy (années 1960), après celui de Lincoln (1865)
Une autre vue du Boston Common, de Beacon Street (quoique je ne suis pas certaine que celle-ci ait beaucoup changé !). J'ai adoré retrouver les lieux, les noms.
Bien entendu, cette ambiance est bien loin de ce qu'on voit en visitant Boston de nos jours, mais c'est justement intéressant de découvrir comment s'est constituée cette ville.
"Les Brahmanes de Boston (en anglais : Boston Brahmins) est une expression qui a souvent été utilisée pour décrire les membres de l'élite traditionnelle de Boston.
Également appelés les premières familles de Boston, ce sont les familles les plus distinguées de la ville et de l'aristocratie de la Nouvelle-Angleterre, qui font remonter leur ascendance aux premiers colons anglais et fondateurs puritains de la colonie du Massachusetts, et forment une sorte de noblesse de la Nouvelle-Angleterre." (Source Wikipedia)
Extraits :
- Je songe à faire venir une vache, dit Anne un matin au petit-déjeuner. Le lait nous arrive dans ces espèces de boîtes de carton malsaines, vous avez vu ? Probablement pleines de radiations. Nous en avons le droit, vous savez. Tous les anciens propriétaires de terres en limite du Common ont à perpétuité le droit d'y faire paître leur bétail. [1960]
***
Je vous serais reconnaissant de me permettre d'entrer en apprentissage chez vous. Je suis fort et je peux travailler dur. Un jour, j'entrerai à Harvard. J'aimerais payer mes études. J'ai presque onze ans et même avec un petit salaire pour mon travail, je gagnerai suffisamment pour les frais de mon éducation quand j'aurai seize ans et que je serai prêt pour l'université. C'est ce que j'ai prévu.
Titre original : The Brahmins (1982)
Traduit de l'anglais par Françoise et Guy Casaril
Éditeur : Trévise BFB
Collection : Le Livre de poche
1984 - 478 pages
Quelques photos personnelles pour le plaisir !
Boston Common, des canards, mais pas de vaches ! |
Harvard |
Salem |
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