samedi 3 février 2018

Ces rêves qu'on piétine - Sébastien Spitzer

Fascinant !
Je dois dire que j'ai hésité longuement à commencer ce livre. Je cherche en ce moment plutôt des livres gais, ou surtout légers, et je me doutais que ce ne serait pas le cas de celui-ci. Mais les excellentes critiques m'ont incitée à m'y plonger. Je l'ai cependant commencé presque à contre-coeur, en me disant que j'allais peut-être m’arrêter rapidement, si c'était trop dur.

Et j'ai été happée par l’histoire, les histoires plutôt, qui s'entremêlent, se croisent et se rejoignent.
Une écriture superbe, un vocabulaire souvent inattendu, à la fois précis, élégant, mais sans prétention.
Et surtout, une façon de raconter qui sans édulcorer les horreurs, se laisse lire et même dévorer.



Je n'en dirais pas grand chose, tellement d'autres l'ont commenté mieux que moi.
Trois histoires qui évoluent peu à peu les unes vers les autres :
Magda Goebbels "première dame" du régime nazi, que l'on découvre dans les derniers jours, dans le bunker..  et qui, à quelques jours de sa fin et de celle d'un régime, nous retrace son itinéraire et nous permet de découvrir ce qu’elle a été.
Des malheureux qui se sont échappés des camps de la mort, mais l’horreur n'est pas encore terminée. Ils vont se transmettre un document important, de l'un à l'autre jusqu'à une toute petite fille.
Et des lettres du père de Magda, sans doute la partie la plus émouvante, appels au secours en vain, de plus en plus poignants.

Ces trois parties s'acheminent l'une vers l'autre, et même si hélas, on se doute de l'issue inéluctable, c'est extrêmement prenant, je n'ai pas pu lâcher ce livre, que j'ai lu en trois jours, avec une émotion incroyable, mais que j'ai malgré tout aimé lire. Je n’aurais jamais cru pouvoir accrocher ainsi à une telle histoire.
C'est vraiment très beau, le vocabulaire est superbe, mais la narration aussi  nous entraîne, sans hésitation.

Un grand merci à Groupama Grand Est qui m'a offert ce livre suite à leur calendrier de l'Avent, je ne l’aurais certainement pas découvert sans cela.

Extraits :

A la place, il va y avoir une boulangerie. C'est bien, une boulangerie ! C'est national, les viennoiseries ! C'est socialiste les forêts-noires ! Un petit couple d'artisans bien conformes, bien aryens. Pas comme moi.

***
Un vieux mari, ce cher monsieur Quandt, beau comme Crésus,

***
[ 1e rencontre de Magda avec Goebbels] La porte claqua dans son dos, mais elle était sereine, parce qu'un homme qui avait autant lu ne pouvait pas être mauvais.

***
Et quand vient la défaite, les héros disparaissent, au profit des héros ennemis.

***
Mais notre histoire, personne ne nous la volera. Elle est inaliénable. On essaiera  de nous tuer, jusqu'au dernier. On essaiera de trahir, de falsifier, d'effacer ... Mais il y aura toujours un scribe pour recopier, un homme pour lire, un écrit quelque part. Vous êtes l’incarnation de notre pire ennemi : l'oubli. 

Prix Stanislas 2017 (Nancy Le Livre sur la place)
Meilleur premier roman de la rentrée littéraire.
Les Éditions de l'Observatoire - Août 2017 - 304 pages
Résumé Babelio

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