mardi 4 décembre 2018

Malo de Lange

Truculent, drôle et attachant ! que d'aventures et quel vocabulaire !
Tout à fait dans la veine des romans feuilletons de la grande époque.

Après ma lecture de Dortmunder, me voici encore dans des histoires de cambrioleurs, et encore un recueil triple.
Mais la similitude s'arrête là.

Déjà, il s'agit non pas de trois romans, mais de 3 tomes, que j'ai d’ailleurs cette fois lu d'affilée, ils se suivent vraiment.
Roman historique, dans la première moitié du 19e siècle, en France.
Le personnage principal est un enfant.

Comme souvent dans les romans les plus récents de Marie-Aude Murail, je ne sais pas exactement à quelle tranche d'âge ça s'adresse. Peut-être (certainement) à ses  jeunes lecteurs qui ont grandi à présent, mais pour la jeunesse ?
Par exemple, Sauveur & fils, à la bibliothèque, nous les avons passé des romans enfants à jeunesse, et on envisage de les ranger finalement en secteur adultes.
Vive la République, ou Miss Charity sont aussi des romans parus en jeunesse, mais plus souvent appréciés des adultes.
Et déjà, La fille du docteur Baudoin, ou Papa et Maman sont dans un bateau, sont  inclassables.

J'avais adoré le tome un de Malo de Lange il y a 8 ans, et j'étais vraiment désireuse de lire la suite.
Je l'ai retrouvé  avec le même bonheur.

Le second m'a un peu déçue, une très longue partie sur le bagne, que j'ai trouvé dure et triste.
Je pensais le transmettre sitôt lu à mes petites-filles, mais à cause de ça, je pense que je vais attendre encore.
Le 3e tome retrouve l'humour et le plaisir du premier, même si Malo ayant grandi, c'est moins léger.

Dans l'ensemble, une série que j'ai beaucoup aimé, à part ce long passage sur le bagne.

Malo est un enfant venu d'on ne sait où, recueilli par des demoiselles très comme il faut, qui l'élèvent avec un peu trop de sévérité à son goût, mais beaucoup d'amour.
C'est là qu'il fait la connaissance de la belle, riche et aristocratique Léonie de Bonnechose, qu'il n'aura de cesse de retrouver. Et qui n'est pas indifférente au "méchant garçon avec un couteau".

On apprend à "jaspiner l'arguche" c'est étonnant, plein d'aventures et aussi d'humour, on se promène entre repaires de voleurs et d'assassins, personnages de la haute société, et tout un monde varié du début du 19e siècle.
Dans le premier tome, on suit Malo à la recherche de ses parents, voire cherchant à échapper à ceux qui prétendent l'être.
Ensuite, de découverte en découverte, il va devoir s'adapter, loin de son enfance chez les demoiselles de Lange, d'abord au bagne, puis à la dangereuse vie parisienne.
Ici, les policiers sont d'anciens voleurs ou bagnards, les abbés aussi parfois d'ailleurs, quelqu'un peut être  Personne, les chauffeurs ne conduisent pas, ils brûlent les pieds.
La galerie Véro-Dodat vient d'ouvrir et ses fastes éblouissent le petit provincial. Mais il ne mettra pas longtemps à s'apercevoir du revers de la médaille.

Le tome 3 est plus ancré dans l'histoire, puisqu'on va côtoyer, de près, le roi Louis-Philippe, ses enfants et sa soeur.

Il y a beaucoup d'humour, non seulement avec le vocabulaire argotique, mais avec de nombreux de noms de personnes, tels que Mme Baratin pour la concierge, etc.
Et surtout, au fil des trois tomes, une petite phrase refrain, "comme disait", mais toujours différente, comme un leitmotiv drôle :
"Il n'y a pas que les colliers de perle qui font plaisir aux dames, comme disait Salomé en recevant la tête de saint Jean-Baptiste sur un plateau."
"La vie comporte des hauts et des bas, comme disait le monsieur qui venait de monter cinq étages pour se jeter par la fenêtre."
(Oui, c'est souvent de l'humour noir !)
"Il en faut pour tous les goûts, comme disait la mère Lafarge en rajoutant de la mort-aux-rats dans le bouillon de son mari."
"L'essentiel, c'est d'avoir sa conscience pour soi, comme disait la fillette qui avait noyé son petit frère pour le débarrasser de ses poux."
"Mais si je n'aidais que les saints, je serais au chômage, comme disait Jésus à son papa."
Je vous les citerais volontiers toutes, mais non, vous n'avez qu'à le lire !

Et j'ai aussi appris ici l’origine de l'expression Tonnerre de Brest, bien avant que le Capitaine Haddock ne l'utilise.

Finalement, j'ai écrit une très (trop) longue chronique, sans arriver à vous faire partager la richesse de ces romans, écriture, aventures, sentiments, histoire aussi.

Tome 1 : Malo de Lange, fils de voleur - 217 pages
Résumé Babelio

Tome 2 : Malo de Lange, fils de Personne - 200 pages
Résumé Babelio

Tome 3 : Malo de Lange et le fils du roi - 208 pages
Résumé Babelio

Et un lexique d'argot "si vous aussi vous voulez jaspiner l'arguche comme les grinches". (Mais à l’intérieur du roman, les mots et expressions sont aussi traduits en bas de page)

Extraits :

Tome 1 :

Quand on écrit ses mémoires, on ne fait pas que raconter ses souvenirs, on retrace aussi son cheminement moral. Je vais donc sauter quelques années parce que, à deux ans, du point de vue moral, j'étais aussi plat qu’une limace qui viendrait de se faire marcher dessus.

***
- Tu le chourines. Il t'embêtera plus.
Je tâtai mon couteau au fond de ma poche.
- Bon. Mais sa femme ?
- Ah ça, on chourine pas les dames, frangin. Tu l'étrangles.
Pour le savoir-vivre et la façon de l'abréger, La Bouillie n'avait pas sa pareille.

Tome 2 :

vous serez payée une fois l'an, à la Saint-Jean, et vous avez congé un dimanche par mois pour aller voir votre famille... Hum, l'après-midi seulement.

***
- Alors, j'ai-ti l'air d'une baronne ?
- Oui [...] quand tu tais ta gueule.
- Comment c'est-ti que ça parle une baronne ?
[...]
- Tu ne diras pas : "Ousqu'elle est, ma frangine ?", tu diras : "Qu'est devenue ma soeur ?"
- Ké dev'nue ! Ah, ah, ké dev'nue !

Tome 3 :

- Nom d'unch ! Il faudra vraiment que je le tue !
- Ah, mon dieu, mademoiselle Léonie a tellement peur d'un duel !
J'avais plutôt pensé à lui loger une balle dans la tête. J'ai une vision simple des rapports humains.

***
Aumale [le fils du roi] fit un bond dans mon estime. Quelqu'un qui ment et qui triche ne peut pas être entièrement mauvais.

Roman illustré en trois parties et cinquante-six tableaux.
Première parution en volume unique.
L'école des loisirs - 5 décembre 2018 - NOUVEAUTÉ
650 pages - 16.50 €
Résumé Babelio




















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