dimanche 30 juin 2019

Haïti chérie - Maryse Condé

Ayant déjà lu des Je Bouquine de Maryse Condé, je n'ai pas hésité quand j'ai trouvé ce court roman dans la nouvelle boîte à livres du village.
Comme souvent avec cette autrice, ce sont les Antilles des plus pauvres qu'on y retrouve.

Rose-Aimée a treize ans quand la pauvreté oblige ses parents à l'envoyer vers la capitale Port-au-Prince. Effarée de devoir quitter son village pour un lieu inconnu, elle espère pouvoir en profiter pour une vie un brin moins misérable, et pourquoi pas aller à l'école ?

J'aurais pu beaucoup aimer ce livre : découverte de la vie quotidienne à Haïti, la beauté de l'île mais aussi la pauvreté ; la vie en famille et la nécessité de partir. Puis, la découverte du reste du pays, un triste road trip où Rose-Aimé découvre aussi l’amitié, et le quotidien de ceux qui ont tout quitté.
À hauteur d'enfant, un beau texte à la fois romancé et informatif.

Hélas, la fin est si raide et si soudaine que je n'ai pas pu me résoudre à le prêter à mes petits-enfants.

En tant qu'adultes, on sait hélas ce qui peut arriver. Mais balancer comme ça à des enfants, une fin aussi abrupte sans aucune lueur d’espoir, ni quelques mots pour adoucir la lecture, j'ai trouvé ça horrible.
Je suis même surprise qu'il ait paru dans Je Bouquine, dont j'appréciais la qualité et le choix de textes et d'auteurs.
Je comprend la nécessité de donner à comprendre le monde sans édulcorer la réalité, mais je pense qu'il y a cependant d’autres façons de le faire, et des précautions à prendre avec les lecteurs les plus jeunes.

Extraits :

Qui a fait le monde ? On dit que c'est Dieu. Alors, pourquoi n'a-t-il pas donné à toutes les créatures les moyens d'en savourer la beauté ? Pourquoi certains ne songent-ils qu'à se nourrir, se vêtir, survivre, sans pouvoir jamais relever la tête afin d'admirer le feuillage des arbres, l'éclat des fleurs, la splendeur des rivières ? Son pays était un des plus beaux du monde. Les touristes arrivaient des lieux les plus éloignés pour se baigner dans ses criques, se dorer sous les baisers de son soleil et goûter à sa cuisine, et elle, elle devait le quitter.

Édition : Bayard Poche (09/1998)
Collection : Je Bouquine Envol (80 pages)
Ce roman est reparu depuis sous le titre "Rêves amers"
Résumé Babelio
NB : Dans les citations Babelio, vous trouverez la phrase terminant le roman, que je n'ai pas voulu mettre ici.

2 commentaires:

  1. La réalité , c’est la réalité. Elle est dure, elle est terrible. Le sort des enfants haïtiens est terrible. Les enfants ailleurs devraient aussi en être informés.. des enfants exploités, des restavec, des enfants mourant de fin’ ou dévorés par les requins.. protéger les enfants qui n’ont pas le même sort? les protéger en édulcorant le sort terrible d’autres enfants? Ne le sont ils pas déjà , protégés, gâtés, inconscients des drames qui se jouent pas si loin souvent.... et dont nous sommes tous responsables, dont l’histoire qu’on leur a faite est responsable... il est vrai que l’on ne choisit ni le lieu de sa naissance, ni ses parents, ni sa couleur, ni son héritage historique, et culturel ....Maryse Conde a cette particularité de dire les faits sans les édulcorer. Bluntly....dirais je? Peut on lui en tenir rigueur? Il faut bien sûr expliquer, mais ne pas dissimuler..je salue cette Autrice,son franc parler, son courage, et sa formidable écriture. Merci madame.

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    1. Merci pour votre intéressant commentaire. Effectivement Maryse Condé est une bonne autrice, et il est intéressant qu'elle montre aux enfants la réalité de la vie d'Haïti.
      Cependant, les enfants ont assez d'infos terribles et stressantes autour d'eux, je préfère leur laisser encore une part d'enfance tant que c'est possible.
      Et pour moi, c'est différent un livre qui parle de choses dures, ou qui commence par là puis qui donne une lueur d'espoir, qu'un roman qui d'un coup, se termine par l'horreur.

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