mercredi 3 février 2021

Au pays des eucalyptus - Elizabeth Haran

 
Je vais bientôt être incollable sur l'Australie des 19e / début 20e siècles, grâce à L'Archipel !!
Lectures très plaisantes, voyages, exils et découvertes, et des personnages de femmes fortes qui s'adaptent au déracinement.

Nola est institutrice mais l'agence désespère de lui trouver une place stable, car son indépendance, son franc-parler et ses idées d'avant-garde ne sont pas vraiment appréciées. Peut-être qu'en l'envoyant en Australie, on serait tranquille pour un bout de temps ? Sur un malentendu, ça pourrait fonctionner.
Car on attendait UN instituteur.
Ce n'est pas juste de la surprise, elle arrive dans une ferme très isolée où, pour des raisons familiales et personnelles, il est totalement exclu de supporter une femme. 
Mais Nola n'est pas du genre à se laisser faire. 
Parce qu'elle ne se voit pas refaire si tôt le trajet de retour ;
parce que rien ni personne ne l'attend en Angleterre ;
parce qu'elle se refuse à admettre qu'elle ne peut pas obtenir ce poste juste parce qu'elle est une femme.
Et aussi (surtout) parce qu'elle a senti très rapidement que les enfants pour lesquels ont l'a embauchée ont réellement besoin d'elle. 
Elle va donc essayer de tenir malgré l'accueil !
Ça ne va pas être monotone !

Je dois dire que j'ai dévoré ce roman avec plaisir, mais que ce ne sera cependant pas un aussi gros coup de coeur que les précédents du même style (Ceux d'Anna Jacobs, ou de Sarah Lark)
La faute à Nola !! 
Qu'elle soit ferme et décidée, obstinée et courageuse va certes l'aider dans sa nouvelle vie. 
Mais elle agit de façon si inconsidérée, sous prétexte de prouver qu'elle est capable de vivre là, que ça en est agaçant.
Est-ce que, quand on arrive dans un endroit totalement étranger, dont on ignore tout, on se met à préparer le repas, sans savoir (et sans demander) si ce qu'on utilise est prévu pour les semaines à venir, alors qu'on est loin de tout, que tout manque, eau, bois nourriture. Est-ce que même si on est bonne cavalière, on selle et monte un cheval au hasard, sans se renseigner ni même demander l'autorisation. Est-ce qu'on raconte le peu qu'on a lu dans les livres et surtout peut-on conseiller le premier jour dans cet endroit des gens qui y vivent depuis des lustres ? 
Agaçant, mais invraisemblable aussi.
Qui pourrait croire qu'à peine arrivée dans un pays dont elle n'avait jamais entendu parler avant, elle réussit ce que les habitants n'ont jamais pu faire, malgré leur énergie du désespoir. Qu'il suffit d'enlever ses bouteilles d'alcool à quelqu'un qui boit depuis des décennies pour qu'il soit efficace et retrouve toutes ses capacités dès le lendemain ?
J'ai été étonnée aussi que personne ne s'offusque qu'elle rebaptise les Aborigènes. J'ai lu ailleurs combien il était choquant que les jeunes Irlandaises perdent leurs prénoms si elles veulent être aidées par les dames riches. Est-ce moins gênant pour des Aborigènes ? (Dont en plus le prénom a en général une signification)

Malgré ces quelques points, je me suis régalée à cette lecture, et plus j'avançais plus j'avais du  mal à la lâcher.
Contrairement aux autres romans australiens que j'ai lu, celui-ci se passe dans l'extrême nord du pays, et l'on découvre donc la chaleur et la sécheresse d'une région aux conditions de vie vraiment difficiles.
J'ai trouvé très intéressant aussi que les Aborigènes fassent tout à fait partie de l'histoire, qu'on les découvre mieux, y compris dans leurs aspects les moins agréables.

Au final donc, un roman à découvrir, et j'espère avoir l'occasion d'en lire d'autre de cette autrice.

Extraits : 

- Vous avez habillé Georgina et Magdalene en garçons et vous les avez inscrites dans l’un des clubs de cricket les plus huppés de Londres ? C’est inconcevable… même venant de vous !
- Comment cela ? Les femmes doivent apprendre à s’affirmer, et puis j’ai cru rendre service au vieux Gareth. De toute évidence, il aurait préféré avoir deux fils, et les enfants aiment le cricket.

***
- Vous savez, j’ai connu le bagne, lâcha soudain le cocher au détour de la conversation. Plus de la moitié des colons australiens ont été condamnés à des peines de prison, et l’autre moitié était des descendants de bagnards.

***
- Ce qui me laisse pantois, c’est que vous, l’institutrice londonienne, croyez savoir à quel point notre quotidien est difficile. Mademoiselle Grayson.

Titre original : A Woman for All Seasons (2001)
Traduit de l'anglais par Penny Lewis
Éditeur : L'Archipel - 4 février 2021 - NOUVEAUTÉ
500 pages - 22.00 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.


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