lundi 31 mai 2021

Ranee Tara Sonia Chantal Anna - Mitali Perkins

J'aime beaucoup l'écriture de Mitali Perkins, qui parle avec légèreté de sujets graves. C'est toujours un régal de suivre les vies de ses personnages, dans leur pays ou après avoir émigré.
Cependant, j'ai bien aimé celui-ci, mais je l'ai découvert avec un peu moins d'enthousiasme pour plusieurs raisons :
J'ai toujours un peu de mal avec les romans/sagas qui passent d'une génération à l'autre, j'ai l'impression de manquer trop de moments de leurs vies, et de ce fait de m'attacher moins aux personnages, puisqu'on ne les suit pas tout à fait.
J'ai trouvé les grands-mères passablement insupportables, voire antipathiques, à s'opposer sans cesse entre elles, et surtout à opposer les filles, ce qui est assez déstabilisant.
Je suis toujours étonnée voire choquée que des gens émigrent puis se refusent à adopter les habitudes de leur nouveau pays, qu'ils ont choisi pour les accueillir. (Je précise juste pour éviter des malentendus que je suis fille d'émigrés, même si c'est plus facile quand on reste en Europe).
Il y a un arbre généalogique au début, ce que j'ai apprécié, même si la famille est assez simple.
Mais il y a tant de surnoms pour chacun que j'ai eu un peu de mal à suivre ; je reconnais que je ne suis pas très attentive en ce moment.

Malgré ces détails, c'est un roman très intéressant, qui nous fait suivre de l'intérieur les difficultés de l'exil, les différences de perception d'une génération à l'autre, d'un caractère à l'autre aussi. 
Le racisme est sans doute la chose la mieux partagée du monde ! 

Tara et Sonia, narratrices à tour de rôle, nées à la fin des années 1950, quittent Londres avec leur mère, pour rejoindre leur père à New York en 1973.
Elles espèrent que leurs parents les laissent plus libres, au pays de la liberté, mais les traditions de leur Bengale natal prennent le pas sur la vie du pays d'accueil.
Peu à peu, elles évolueront différemment, et la génération suivante sera toujours partagée, mais il ne sera facile pour personne de faire le grand écart entre des civilisations si éloignées.

J'ai apprécié entre autres qu'il soit question de livres, avec des titres que, comme l'héroïne, j'apprécie beaucoup, de Jane Austen à Frances Hodgson Burnett, des Quatre Filles du Docteur March aux Patins d'Argent.

Un bon roman facile à lire, qui fait voir le monde autrement, qu'on peut conseiller à tout âge.

Extraits :

Quel est le sinistre idiot qui a décrété un jour qu’un teint clair était plus beau qu’un teint plus riche en mélanine ? Je n’en ai pas la moindre idée, mais sa stupide théorie a quand même réussi à contaminer le monde entier, y compris ma propre mère. Ça me dépasse complètement.

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Où sont mes racines ? Peut-être la réponse se trouve-t-elle dans les récits et les mots. Ceux des autres et les miens.

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- Pourquoi les Américains sont-ils si stupides ? Si confiants ? Ils laissent entrer n'importe qui dans ce pays ! Même ceux qui les détestent !
- Je sais, Didou, répond Shanti d'une voix apaisante. Mais c'est justement ce qui fait la grandeur de notre pays. La statue de la Liberté n'est pas près d'abaisser sa torche, même après cette tragédie.

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Je me dépêche de ranger mon journal et sors Orgueil et Préjugés, que Baba m'a acheté d'occasion. J'ai dû le lire neuf ou dix fois. Je ne sais plus trop. " Mais pourquoi tu lis toujours le même livre , me demande Ma. Quelle perte de temps ! " Elle ne comprend pas à quel point je me sens chez moi dans le salon des Bennet. Et combien j'aimerais retrouver la même ambiance chez nous.

Sous-titre : Cinq femmes, trois générations, une grande histoire d'amour.
Titre original : You Bring The Distant Near (2017)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pascale Jusforgues
Éditeur : Bayard - 2 juin 2021 - NOUVEAUTÉ
344 pages - 14.90 €

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