Sarbacane continue à fêter son anniversaire en nous régalant avec un nouveau roman, dans la même collection que Violette Hurlevent, et Léo et la cité mécanique : superbe couverture, beau papier épais, illustrations intérieures.
Sauf que celui-ci est encore plus beau.
D'abord par sa couverture colorée, brillante, en or et étoiles (Il m'est d'ailleurs arrivé accompagné d'une pluie d'étoiles. De ciel, de terre ?) qui m'a donné envie de l'ouvrir et de le lire immédiatement.
Mais surtout par son contenu.
Ce roman est un vrai bijou, que je ne vais hélas pas savoir vous présenter aussi bien qu'il le mérite. Je voudrais vous parler de tout !!
Depuis toujours Albertine parle aux arbres et aux plantes, mais elle a appris à s'en cacher.
D'autant plus qu'elle est habituée à se faire harceler et maltraiter par quelques filles de sa classe.
Et soudain, elle découvre qu'elle a un rôle, important, à jouer, grâce à ce don. Car elle ne se contente pas de parler à la nature, elle l'écoute aussi. Et chaque fleur, chaque brin d'herbe a beaucoup à lui dire.
Que ce soit pour s'expliquer, pour l'aider, pour la diriger.
Elle découvre, sous sa nouvelle "Maisons" un monde inconnu, passionnant mais parfois dangereux aussi.
Ce monde inventé par l'autrice est exceptionnel : et pas uniquement parce qu'on y paie en remerciements et en compliments, c'est même la seule monnaie existante.
Mais par une entente rare entre humains, flore et faune.
Pas d'animaux ici, des amimaux, qui sont traités comme faisant partie de la famille. Et certains sont impressionnants, une limace plus grande qu'un enfant, etc..
(Attention, pour les arachnophobes, il y a une bestiole un peu désagréable... mais j'ai survécu, et pourtant, je le suis. Mais elle ne fait pas vraiment peur)
Mais aucun monde n'est vraiment idéal, et Albertine va rencontrer aussi le côté sombre de ce Sous-monde pourtant quasi idyllique.
C'est adorable, très écologique, un bel hymne à la nature. On voit aussi les dégâts que font les humains d'en haut .
Mais c'est léger, jamais pénible ni didactique, un vrai roman d'aventure au coeur d'un monde étonnant, plein de suspense et de rebondissements.
Les passages dans le monde réel d'Albertine s'allègent à mesure qu'elle se sent plus forte parce qu'utile. Et aussi il faut le dire parce que les ripostes des plantes pour l'aider ne sont pas dénuées d'humour !
L'entente entre Albertine et ses frères réchauffe le coeur.
Contrairement à beaucoup de romans, on sent qu'ils s'aiment profondément, même si parfois le plus petit frère peut agacer quand il arrive au mauvais moment. Même si le grand frère aborde l'adolescence et donc s'éloigne par moments, mais il y a toujours beaucoup d'affection et d'aide entre eux.
Absolument tout m'a plu dans ce roman, que j'ai dévoré en quelques heures. Et je le conseille quel que soit l'âge !
J'avais tant aimé Falalalala, et aussi Annie au milieu, que je n'ai pas hésité une seconde à demander celui-ci, même si le fantastique n'est pas mon rayon préféré. Mais je ne m'attendais pas à un tel coup de coeur ! Je crois que c'est la première incursion d'Émilie Chazerand dans le fantastique, on peut dire que c'est réussi !
Étonnamment, alors que je venais de rechercher dans mes lectures pour retrouver les quelques rares livres, déjà anciens, mettant en scène de jeunes diabétiques, arrive celui-ci. Et ce qui est intéressant, c'est qu'Albertine est diabétique, mais ce n'est pas du tout le sujet du roman. Juste ça fait partie de sa vie, ça ne se laisse pas tout à fait oublier, même si elle vit très bien avec.
Extraits :
Est-ce qu'un paradis est toujours un paradis si on n'a pas le droit de le quitter ?
***
- J'aimerais mieux être comme les autres...
À sa grande surprise, Madame Gordes éclata de rire.
- "Être comme les autres" ? Mais même les autres ne sont pas comme les autres.
***
- Bonjour les fleurs !
[...]
Les pissenlits trémulèrent de plaisir : personne ne les appelait "fleurs". On les traitait toujours de "mauvaises herbes" et c'était offensant. En plus, les herbes, contrairement aux humains, ne sont jamais mauvaises.
***
Toutes les étoiles de terre sont mortes d'un coup, lui chuchota Ouistiti, comme effrayée par ses propres mots. On a découvert par la suite que c'était à cause d'un produit que les gens de ton monde utilisaient pour traiter leur jardin... Ce poison s'est infiltré partout dans les sols. Les arbres et les plantes en ont souffert mais pas autant que les étoiles de terre : elles sont super sensibles.
***
Des graines de courgette goût burger, des graines de potiron goût hot dog, des graines de navet goût kebab.
***
Une fois, notre voisine Boa a traité le facteur, Octodon, de "gros patapouf déplumé et grassouilloux". [...] Le Conseil Magistral l'a obligé à écrire un poème en alexandrins à Octodon, dans lequel elle devait vanter sa beauté, son charme et son bon coeur...
- Oh bah, ça va, c'est facile, non ? [...]
un poème en alexandrin par jour, pendant un an !
***
[ils] sont devenus amis. Ce qui est toujours le but de toutes les punitions.
***
Le vent ! Quelle merveille ! Comment pouvait-on être triste ou énervé, comment trouvait-on l'envie de faire des guerres, quand on connaissait la sensation du vent sur la peau ?!
***
Illustrations : Marion Arbona
Éditeur : Sarbacane - 23 août 2023
Collection : Grand format illustré ; 383 pages ; 16.90 €
Mes autres lectures d'Émilie Chazerand :
En Exprim' (ado)
En Pépix (enfants)
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