J'ai beaucoup aimé l'histoire, j'ai beaucoup aimé les lieux (Boston, le train jusqu'à New York que je connais ...) et même les personnages. Mais je n'ai pas réussi à m'attacher vraiment. Est-ce que c'était une mauvaise période pour moi ? un manque de chaleur dans l'écriture ? le fait de passer trop rapidement sur les années qui s'écoulent ? Je n'arrive pas à dire, mais ce n'est que vers la fin que j'ai enfin réussi à m'attacher à ces familles.
C'est pourtant un bien beau roman, sur la famille, l'enfance déracinée, les relations entre personnes, les lieux de notre mémoire, les retours vers notre jeunesse, un pan d'histoire contemporaine aussi.
1940. Beatrix a 11 ans quand ses parents décident de la mettre à l'abri de la guerre en l'envoyant, non pas dans la campagne britannique comme beaucoup, mais aux États-Unis. Un éloignement terriblement difficile pour tous.
Par chance, elle intègre une famille sympathique. Deux garçons si différents, à peine plus âgé pour l'un, plus jeune qu'elle pour l'autre. Une mère, en manque de filles, qui va s'attacher à Beatrix, presque trop.
La vie est plus facile qu'à Londres, à la fois loin de la guerre, et dans un milieu plus aisé.
Cinq années, à un âge où on découvre la vie, c'est énorme. Beatrix aura longtemps du mal à savoir où est sa vraie famille, son vrai port. Et si c'était les deux ? Est-ce une richesse ou un déchirement ?
Et ce n'est pas facile non plus pour son entourage, d'un côté de l'océan comme de l'autre.
J'ai aimé qu'on ne suive pas que Beatrix, mais aussi chacun à tour de rôle.
Millie, une mère qui confie sa fille unique à de parfaits inconnus, pour de longues années, sans rien savoir d'eux. Avec une double crainte : d'abord ce qui risque de lui arriver si loin. Et ensuite, la peur d'être supplantée dans le coeur de Beatrix, une autre mère, plus présente, plus riche, peut-être plus agréable.
Les garçons, une presque soeur qui n'en est pas du tout une, si proche et si lointaine, avec l'adolescence qui arrive.
J'ai aimé les lieux, particulièrement cette île du Maine qui me fait rêver, et aussi le contexte historique, les Kennedy, la marche pour les droits civiques...
Bref, j'ai aimé beaucoup de choses, il m'a juste manqué une petite étincelle. Peut-être le relire à un autre moment ?
Extraits :
Prologue
Octobre 1963
À l'époque, Beatrix aimait s'assoir à côté de M. G lorsqu'il les emmenait sur le continent à la rame. Elle regardait la ville devenir plus nette, les bâtiments plus grands, observait le clocher blanc en relief contre le ciel très bleu. Cela se passait dans le Maine, où la famille se rendait chaque été, et pendant la guerre, bien qu'il soit difficile de se rappeler quand, au juste.
***
Certains secrets se révèlent lourds à porter. D’autres sont des cadeaux, ils vous réchauffent, ils sont faits pour qu’on y retourne sans cesse.
***
J’ai eu quatre parents, répond-elle. Je pense avoir en moi un peu de chacun d’eux. C’est beau, comme conception, non ? clame-t-elle en abandonnant le ciel qui s’assombrit pour se tourner vers Gerald. Morts ou vivants, nos proches nous accompagnent.
***
C’est ce qui inquiète Millie. Lorsque Beatrix rentrera, la vie lui paraîtra étriquée. Plus de fêtes fastueuses, de matchs de baseball ou de concerts symphoniques. Millie se réjouit, évidemment, qu’on s’occupe si bien d’elle. Elle semble aussi s’être fait d’excellentes amies. Mais cela rendra le retour plus difficile. Elle ne sera plus une petite fille. Elle n’est plus une petite fille. Ils l’ont envoyée à l’étranger pour qu’elle puisse avoir une enfance digne de ce nom. Ils ne s’étaient pas rendu compte, cependant, que leur décision signifiait que l’enfance de Beatrix leur serait ôtée. Millie a l’impression qu’on lui a volé quelque chose, qui jamais ne lui sera rendu.
Titre original : Beyond That, The Sea (2023)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Danièle Momont
Éditeur : l'Archipel - 24 octobre 2024 - 360 p. - 22.00 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.
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