vendredi 27 décembre 2024

My lady Jane - Cynthia Hand - Brodi Ashton - Jodi Meadows

 
Je me suis régalée avec cette lecture !! 
Dire que j'ai failli l'abandonner dès les premières pages, quand je me suis aperçue qu'il était question d'humains se transformant parfois en animaux, thème qui ne me passionne pas, alors que je pensais qu'il s'agissait d'un roman à la Jane Austen (son talent en moins) et non de la fantasy. (D'accord, j'aurais dû lire le résumé au lieu de me fier à la couverture, mais ça aurait été dommage puisque j'aurais raté ce petit bijou de drôlerie).

Le trio de narratrices nous a concocté un étonnant roman historico-fantastico-féministe 😄 fort rafraichissant et réjouissant !

Angleterre, 16e siècle. Les autrices malmènent un peu l'histoire du pays. 
Jane ne s'attendait ni à devoir, après plusieurs projets de mariages avortés, devoir épouser un homme / cheval. Ni à ce qu'on lui annonce la mort du roi, son cousin bien-aimé, ni à lui succéder sans préavis.
Elle découvre le monde des complots politiques, la soif de pouvoir de certains.
On suit l'histoire à travers les yeux de plusieurs personnages, à tour de rôle. Et même vers la fin à travers la voix des narratrices, qui interpellent souvent le lecteur.
De fort intéressantes réflexions sur la politique, la royauté, les façons de gouverner. Sans oublier le pouvoir des livres (aux titres fort alambiqués) que Jane dévore.
Mais surtout un humour léger même dans les moments les plus dramatiques, de la bienveillance, et beaucoup de drôleries. 
J'ai passé un vrai bon moment. Avec une mention spéciale pour Mère-Grand.

Et comme je suis "assez" nulle en Histoire de Grande-Bretagne, j'ai fait quelques recherches une fois le roman terminé, et je me suis aperçue que, si les autrices ont pris des libertés avec la vérité historique (elles nous préviennent dès le début), il y a une bonne base réelle (si on remplace les Edians par les protestants (!) et une jolie fin au contraire d'une réalité bien plus sombre !
Je crois que c'est la première fois que je lis une uchronie drôle !

Extraits : 

C'était vraiment un grand nez, aquilin et arqué, du genre qui entrait dans une pièce cinq bonnes secondes avant le reste de la personne.

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cette expression abattue qui ne peut naître que de la vive réprimande d'un père.

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Le pire dans sa nouvelle chambre, c'était que tous ces meubles et rideaux ne laissaient pas de place - aucune - pour une bibliothèque. Qui diable serait capable de dormir dans une pièce sans livres ?

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A ce moment-là, G. prit conscience qu'il venait de demander à un furet ce qu'avait dit une chienne.

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Jane adorait les livres. Elle n'appréciait rien tant que le poids d'un gros ouvrage dans ses mains, chaque magnifique volume empli de connaissances étant aussi merveilleux et fascinant que le précédent. Elle savourait l'odeur de l'encre, la sensation rugueuse du papier entre ses doigts, le doux bruissement des pages, la forme des lettres sous ses yeux. Et surtout, elle aimait la façon dont les livres lui permettaient de s'évader de son existence ordinaire et étouffante, en lui offrant les expériences d'une centaine d'autres vies. A travers eux, elle pouvait voir le monde.

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- Gifford, je t’aime plus que le tricot, même si, pour être honnête, il y a de nombreuses choses que je préfère au tricot.
Je t’aime aussi plus qu’être reine, ce qui, je l’avoue, ne me plaisait pas beaucoup.
Je sais que ce n’est pas très rassurant jusqu’ici, mais il y a une dernière chose que je souhaitais évoquer. (Elle leva les yeux vers lui.) Je t’aime plus que les livres. 

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Jane réalisa une nouvelle prouesse, cette fois de maîtrise de soi, en ne frappant pas la femme à la tête avec son livre. Après tout, ce dernier était très ancien et de grande valeur : « L’Histoire intégrale de la betterave en Angleterre – Volume 5″. Elle ne voulait pas l’abîmer.

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Imagine l'argent que le royaume économiserait si les souverains finançaient les bibliothèques plutôt que les guerres.

Titre original : My Lady Jane (2016)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sarah Dali
Éditeur : Rageot - 8 novembre 2023 - 592 p. - 18.90 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie

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