lundi 14 novembre 2016

Agatha - Françoise Dargent

Hachette romans - 2016
Collection Lecture Academy - 314 pages

Chapeau Mme Dargent !!


J'ai postulé à Masse Critique pour recevoir ce livre dans l'espoir de compléter ma bibliothèque, où figurent la presque totalité des romans d'Agatha Christie, ou du moins une grosse part (une des rares choses que je "chine" dans les ventes d'occasion).
J'ai aussi acheté (neuf celui-ci !) son autobiographie, lue et dévorée il y a plus d'une douzaine d'années.
J'étais donc forcément intéressée à découvrir celui-ci, quoique un peu réticente, car j'ai en général un peu de mal lorsque la fiction se mêle à la réalité, je cherche toujours à savoir ce qui est vrai et ce qui n'est que roman.

Mais voila que j'ai été conquise dès les premières lignes.
Plus question de me demander si c'était vrai, ou inventé, j'ai été prise et emportée par la lecture d'un roman passionnant.
L'histoire d'une jeune fille de bonne famille, à la fois attachée à son éducation et à sa famille, et qui voudrait s'affranchir du carcan de cette éducation.
Une histoire passionnante tout simplement parce qu'elle est écrite de manière passionnante, qu'on s'intéresse à Agatha Christie ou pas du tout.
Passionnante aussi parce qu'on y apprend énormément sur la vie au début du siècle passée, dans cette catégorie de la société. Un temps à la fois si proche de nous (mes parents n'avaient qu'une vingtaine d'années de moins qu'elle) et éloigné de façon ahurissante de notre mode de vie.
Un mélange de fortes traditions, traversées par un vent de modernité apporté par Agatha.
J'avoue que je languis de le faire lire à mes petites-filles pour qu'elles découvrent comment on pouvait vivre cent ans avant elles.
Mais je m'aperçois en écrivant ces lignes que oui, c'est une histoire tout de même très "filles" !

Et puis, au-delà de tout cela, j'ai quand même par moments repensé à Agatha Christie, un peu regretté de ne pas savoir si les mots qu'on lui prête ici sont vrais, mais surtout apprécié l'humour, en  retrouvant des titres de livres qu'elle écrira plus tard (au détour d'une phrase où Agatha s'ennuie dans une réunion d'adultes ... "Le major parlait trop"), des passages dont on se dit qu'ils vont fortement influencer son œuvre future.

Dans le début du roman, j'ai aussi été amusée des clins d'oeil à Beatrix Potter, quand il est question dans le même paragraphe de la cuisinière Mme Potter, du jardinier M. McGregor, et de lapins grignotant choux et laitues.

En résumé, quelles que soient les raisons, et même sans raison, un roman que j'ai vraiment apprécié et lu avec plaisir.
Je ne dirais pas que ça m'a donné envie de relire les polars d'Agatha, car l'envie est toujours présente et j'en relis régulièrement. Par contre, dès que j'en trouverai le temps, je vais relire son autobiographie, qui m'avait déjà tant plu.
Et aussi me replonger dans Mary Westmacott. Je n'ai pour le moment que "Loin de vous ce printemps" (ça se trouve moins facilement en vide-grenier que les policiers)
L'écriture de Françoise Dargent, et le plaisir de lire qui en découle, m'ont fait souvent penser aux textes signés Mary Westmacott.

Une très belle découverte.


Un grand merci à Babelio Masse Critique, et aux éditions Hachette.


Extraits

p 11
Depuis la mort de son père, trois ans auparavant, Agatha avait vu la moitié des domestiques quitter la maison. Les Miller n'en employaient déjà pas beaucoup auparavant, mais désormais ne restaient que Mary, la bonne, Mme Potter, la cuisinière et M. McGregor, le jardinier qui était trop vieux pour trouver une autre place. Mme Miller ne lui tenait pas rigueur de laisser les lapins grignoter ses rangées de choux et de laitues.

***


p 15
Et d'enchaîner que des Londoniennes se faisaient également raccourcir les robes afin de montrer leurs chevilles. Leur mère avait sursauté.

***

p 17
Il fallait empêcher le notaire de parvenir à ses fins. Comment ?
Conan Doyle aurait su ! Dans ses romans, l'écrivain n'hésitait pas à orchestrer des meurtres et des disparitions. Un frisson la  parcourut à l'idée d'organiser la disparition du vieux notaire. Elle pourrait peut-être essayer de l'empoisonner lorsqu'il viendrait rendre visite à sa mère à Ashfield.

***

p 17
elle conclut définitivement que la vie n'était malheureusement pas un roman.

***

p 34
si je faisais des études, je pourrais enseigner ...
- Tu es beaucoup trop jolie pour cela. Les professeurs doivent avoir de la moustache et des verrues sur le visage. Sinon, ils ne sont pas crédibles.

***

p 48
M. Jack ne va pas tarder à se réveiller. Je vais le préparer pour le thé. Mme Watts demande à le voir plusieurs fois par jour, ça change de la famille pour laquelle je travaillais auparavant. On ne présentait les enfants à leurs parents que le soir avant le dîner.

***

p 144
Et toi Agatha, que comptes-tu faire ? Car il n'est pas question que tu te maries bêtement et que tu passes le reste de ta vie à être assise au coin du feu en train de broder ou d'attendre tout le temps je ne sais quel heureux événement ...

***
pp 154 - 155
elle avait fait honneur aux vieux cantiques que défendait M. Watts avec férocité face à ses enfants. Pour lui faire plaisir, elle avait repris avec son hôte au salon "Les anges dans nos campagnes ont entonné l'hymne des cieux".

***
p 236
un steak avec une bonne bière, quelques heures avant la représentation et vous devenez une diva !

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