vendredi 22 mars 2024

Les demoiselles d'Oxford Street : L'ouverture du grand magasin - Rosie Clarke

 Bien agréable de faire un bout de chemin avec ces demoiselles qui ont tellement envie d'intégrer l'équipe du nouveau grand magasin qui s'ouvre à Londres et va faire pétiller les yeux. Surtout parce qu'elles ont un besoin impérieux de travailler, que les possibilités qui s'offrent à elles sont rares, et que c'est plus attirant de passer sa journée dans les foulards, les chapeaux et le luxe qu'en étant demoiselle de compagnie.
Peut-être aussi de supporter un chef de rayon qu'un patronne à domicile (ou peut-être pas !)

Une gentille romance, et une sympathique découverte de l'univers des grands magasins, tellement éloigné de ce qu'on connait à présent. Un petit air de Au Bonheur des Dames, un joli déballage d'articles de frivolité : que de foulards, de gants et de chapeaux décrits et énumérés. En même temps, on voit combien la condition des femmes était difficile il y a à peine un siècle. Hors le mariage, point d'avenir. Difficile d'habiter seule, impossible d'être libre, éternellement mineure. 
Il se passe assez peu d'évènements dans ce roman (à part le naufrage du Titanic !!) mais j'ai eu grand plaisir à passer mars/avril 1912 en compagnie de ces demoiselles de grands magasins.
Un quatuor vraiment sympathique, chacune a un besoin impératif d'être acceptée dans ce nouveau travail, et nous sommes contentes que tout leur réussisse.

J'ai été surprise que tant de choses restent en  suspens à la fin du volume. Et en reprenant la couverture  je comprends qu'il doit s'agir d'un tome 1.
Vivement la suite, qu'on comprenne ce que nous cache le beau directeur (ou que ça confirme nos soupçons !), qu'on sache si  les couples formés sont finalement durables, qu'on célèbre peut-être l'ouverture d'un restaurant ?

Il est beaucoup question de "chiffons" et de coeur, mais j'ai eu un vrai plaisir à lire ce roman qui nous transporte dans un monde si proche et pourtant si lointain. 
Mes grands-parents ont vécu cette époque, et on n'a plus rien de commun. La tenue des filles, qui doit être irréprochables, physiquement comme moralement, pas question d'habiter seules s'il n'y a pas une plus âgée (ou une veuve !) avec elles.
Le service dans les magasins, la comptabilité, tout ou presque nous est étranger. Mais déjà, on se préoccupe de "marketing" par le biais des vitrines des mises en scène, par le suspense créé avant de dévoiler
Il est aussi question d'avortement clandestin, et c'est une bonne période (même si certains pensent encore que c'est inutile) pour évoquer ce que risquaient les femmes, celles qui n'avaient pas vraiment le choix, mais aussi celles qui voulaient simplement les aider.

Une jolie tranche de vie d'une époque révolue, avec des filles attachantes que j'espère retrouver bientôt. 

La couverture est sympathique et attrayante, mais semble peu refléter ce qui est dit dans le roman : les filles n'ont pas le droit de courir, de se faire remarquer à l'extérieur, attitude digne et respectable indispensable !!

Extraits :

 Il n’y avait l’électricité qu’au rez-de-chaussée. À l’étage, on utilisait des lampes à huile. Tante Helen avait une réserve de pièces d’un shilling pour le compteur électrique, et quand il faisait froid, elles faisaient un bon feu de charbon. Ce qui n’était pas le cas de tout le monde dans le quartier.

***
Elle considéra le téléphone d’un air dubitatif. Elle ne s’était jamais servie d’un tel engin, même si Jenni lui avait expliqué comment faire et que ça n’avait pas l’air très compliqué.

***
Et la dernière fois qu’un propriétaire nous a éconduites, c’est parce que nous n’avions pas de garant de sexe masculin.
- Je sais ce que vous ressentez, pouffa Rachel en voyant la mine outrée de Sally. Non seulement nous n’avons pas le droit de vote, mais nous ne pouvons pas entrer dans un pub sans passer pour des femmes de mauvaise vie. Il est grand temps que cela change, vous ne croyez pas ?

Titre original : The Shop Girls of Harpers (2019)
Traduit de l'anglais par Martine Desoille
Éditeur : L'Archipel - 21 mars 2024 - NOUVEAUTÉ
336 pages - 22,00 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.

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