jeudi 21 mars 2024

Harceleur - Arthur Ténor

 
Un très court roman qui devrait absolument être au programme obligatoire du collège.
Espérons que beaucoup de profs penseront à le proposer. 
En guère plus d'une centaine de pages, tout est dit, quelques solutions abordées, et à la fin, l'auteur, puis un dialogue avec un proviseur, précisent certains points.
Je ne connaissais pas cette collection "Engagé" même si j'ai lu La Théorie du complot, du même auteur.
Je pense qu'elle est présente dans tous les CDI car c'est vraiment indispensable. 
Ce thème du harcèlement est très récurrent en littérature jeunesse en ce moment, sans hélas qu'on n'en voit de solution. Mais ce roman-ci est vraiment à part à mon avis. Parce qu'il donne la parole à chaque partie, parce qu'il est court et factuel, parce qu'il pose le sujet de façon simple, évidente, tout en gardant le côté roman qui permet de le proposer à tout lecteur.

Dans ce roman, nous passons alternativement de 2034 à 2014. 
Un soir de 2034, Quentin s'apprête à regarder un film en famille, avec sa femme et son fils Loïc, quand les infos annoncent le suicide d'une collégienne, suite à un harcèlement prolongé.
Malgré l'année, on n'a pas l'impression d'être dans la fiction, car hélas, en dépit de toutes les campagnes et les mesures, on voit bien que personne n'arrive à éradiquer ce problème, qui perdure au fil des années et des générations, s'accentuant même au gré des réseaux.
Si pour Loïc c'est une info perturbante mais hélas assez peu surprenante, la réaction extrême de son père ne laisse aucun doute : il se sent personnellement concerné. 
Il va replonger dans des souvenirs douloureux qu'il avait, en partie involontairement, occultés.
On retourne donc en 2014, pour suivre Quentin, de la 5e à la 3e.
Je ne divulgâche pas plus que la 4e de couv' : Il s'est d'abord positionné du côté des harceleurs, ce qui est sans doute ce qu'il regrette le plus, et qui justifie sa forte réaction de ce soir de 2034.
Mais, quand son soutien "physique" l'a quitté, il se retrouve harcelé à son tour. Grâce à son ancien souffre-douleur, il franchira le pas pour aider les autres, d'abord au collège puis adulte.
Le livre ne s'éparpille pas sur d'autres thèmes, mais c'est cependant un vrai bon roman, pas un doc. On suit avec beaucoup d'intérêt ces jeunes collégiens, tentant des solutions vouées à l'échec, essayant de vivre malgré la menace toujours présente.

J'ai un seul petit bémol (oui, je sais, je trouve toujours quelque chose à critiquer !! Même, ou surtout, pour un livre qui me parait parfaitement réussi et indispensable, et donc qu'on voudrait parfait) : il me semble, mais c'est humain, que Quentin minimise son rôle d'harceleur : Certains le sont par pure méchanceté, lui a juste été entrainé. Ce qui est exact, vu comme il passera ensuite de l'autre côté de la barrière, mais qui ne minimise pas les effets sur les victimes.
Mais ce sera aussi l'occasion d'introduire des discussions sur le sujet.

Un indispensable donc, que je vais me dépêcher de proposer à l'achat à notre bibliothèque.

Extraits :

Nous avons même rencontré un psychologue, mais tout ce qu'il a fait c'est de nous conseiller de confisquer le téléphone de Marilou. Il n'avait rien d'autre à nous proposer que ça, la priver de vie sociale sur Internet. Et on ne nous a rien apporté d'autre comme aide.

***
Retiens bien cela, Lucas : la violence, c'est le feu. Le feu de la violence détruit, mais laisse aussi des cicatrices affreuses et douloureuses.

***
Tant qu'il y a une porte dans une cervelle pour y faire passer les mots, il y a un chemin vers l'humanité.

Éditeur : ScriNeo - 21 mars 2024 - NOUVEAUTÉ
Collection : Scrineo engagé - 132 pages - 10.90 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie

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