lundi 13 novembre 2017

Magnus Million et le dortoir des cauchemars - Jean-Philippe Arrou-Vignod

Quel chouette roman !
Il y a tout là-dedans : aventure, peur, réflexion, belle philosophie, littérature, morale, humour, amour, amitié, rêves et cauchemars.

Je me régale depuis plus de vingt-cinq ans avec les romans de Jean-Philippe Arrou-Vignod. J’en ai lu une vingtaine, dont mes préférés, la série des P.P. Cul vert (pardon Enquête au collège) et celle des Jean-Quelque-Chose. Et celui-ci m’avait échappé. Je voulais le lire depuis quelque temps et je l’ai enfin découvert, avec quel plaisir.
Et je viens de voir que Mimsy Pocket est l’héroïne d’un autre roman, plus récent, Mimsy Pocket et les enfants sans nom, une suite qu’il faut absolument que je lise.

Magnus Million vit dans un pays imaginaire, la Sillyrie, une période qu’on imagine assez lointaine, avant de réaliser que c’est juste le pays qui vit comme dans les temps anciens, alors qu’ailleurs, le téléphone portable existe déjà. Magnus, le plus riche héritier du pays, et sans doute le plus malheureux, souffre de narcolepsie. Mais souffre surtout de l’absence de parents : sa mère morte, son père se désintéressant de lui.
Dans le sinistre collège où il doit suivre de prétendues études, il va faire face à des aventures qui vont révéler à la fois des secrets de famille, et son courage. Un brin de dystopie, un peu de politique dans le meilleur sens du terme, beaucoup d’aventure et de suspens, un bel humour aussi.

Le prologue m’avait paru pas forcément très attirant pour les enfants. Mais j’ai beaucoup aimé le « personnage » du hibou ensuite. Et aussi l’épilogue qui semble reprendre le début, mais avec un étonnant retournement de situation en deux pages.
Un roman qui risque d’être un peu difficile pour les plus jeunes, mais à part ça, qui doit beaucoup plaire, à partir de onze ou douze ans je pense.


Extraits :

- Y a que les riches qui rêvent. Ceux d’la Haute. A quoi qu’on pourrait rêver, nous autres, hein ? A l’usine où qu’on va aller ?
***
Comme le dit souvent Richard Million, le malheur des riches est qu’ils doivent supporter les pauvres qui travaillent à les enrichir.
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Les rêves sont faits pour libérer les humains de leurs peurs ou de leurs désirs les plus secrets, pas pour envahir leur vie.
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On supporte assez facilement d’être riche ; moins, quelquefois, de découvrir d’où vient cette richesse et ce qu’elle coûte aux autres.
***
Totem est un hibou vieux garçon, aux habitudes rangées et invariables. J'allais dire : réglées comme un coucou, mais Totem, grand seigneur de la vie nocturne, détesterait cette comparaison.
***
Magnus serait bien étonné d’apprendre que certains pères jouent avec leurs enfants. Que d’autres emmènent leurs fils aux matchs de football ou que, chose plus incroyable encore, il leur arrive de rire ensemble !
***
ils ont joué à Pandore et ouvert la boîte aux fléaux... Mais selon la légende, quelque chose est resté au fond de la jarre quand tous les maux en sont sortis. Une arme redoutable, plus forte que les pires malheurs qui accablent les hommes.
- Et c'était quoi ?
[…]
- L'espérance, mes enfants. 
***
On périt souvent d’ennui, dans une salle de classe, mais rarement de mort violente.


Gallimard Jeunesse 2011 – 356 pages



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