mardi 7 novembre 2017

Tu seras partout chez toi – Insa Sané

Quel beau texte ! Un conte superbe.

Je n’aurais certainement pas ouvert ce livre sans ma collègue qui me demande de temps en temps si je n’ai pas lu cet auteur.
Non, Insa Sané, ça sonne comme un chanteur de rap ou de slam,ce qu’il est je crois. (Ce que j’ignorais, et pourtant, j’aurais dû en entendre parler depuis longtemps !)
Pas ma culture, pas mes lectures. Mais si ma collègue trouve ça si bon, et bien que nous ayons en général des lectures diamétralement opposées, il faut que j’essaie.
Et ça en valait vraiment la peine.

Je confirme, ce n’est pas le genre de lecture que j’affectionne, et par moments, j’ai dû me forcer pour avancer. Mais ensuite j’ai accroché, et je dois avouer que j’ai fini en larmes.
Je lirais d’autres textes de cet auteur, car je veux voir s’il est toujours dans la même gamme. Mais pas tout de suite, il me faut le temps de me remettre de cette lecture !

Je dois dire que sur la 1e partie, même si ce n’est pas ce qu’il faut retenir de ce « roman », plus que l’émotion c’est de la colère que ça a suscité en moi. Colère contre la guerre bien entendu, mais surtout plus directement ici, colère contre les dégâts que font sur les enfants l’absence de dialogue et les secrets.
Tout va mal pour Sény parce qu’il ne comprend pas son exil. Et plus il s’enfonce dans les sottises, en espérant qu’on le renvoie chez lui, moins on lui explique. On le gronde, et ça n’aide pas.
Pourtant, il a 9 ans.  Même s’il en avait la moitié, je ne comprendrais pas cette absence de dialogue. Mais à cet âge-là, c’est totalement inadmissible.

Ensuite, on bascule dans le conte ; j’avoue que je manque de connaissances dans le domaine mythologique, d’où un peu de mal avec les divers personnages.
Je me suis demandé un temps où on voulait en venir, ce que je devais décrypter, s’il s’agissait d’un rêve ou pas.

Puis l’émotion a pris le dessus, et j’ai dévoré la fin, en larmes.

Extraits :   

Elle ne s’est pas privée de me lancer à la figure que j’étais toujours en retard. Mais c’est faux. En vrai, j’étais souvent en avance sur le lendemain.

***

Et voilà comment j’ai appris qu’au pays des Hommes Pressés, on a le droit de décliner les présents.

***

C’est vrai qu’il était deux fois plus grand et plus costaud que tous les garçons de l’école, mais il faut dire qu’il y avait passé deux fois plus de temps que n’importe qui !

***

Elle voulait parler. Parler ?! J'avais entendu dire par les plus grandes personnes que les filles adorent "parler" ; surtout quand nous, les garçons, on n'y est pas disposés : avant un baiser ; après ; quand on tombe de sommeil ; au petit matin ; quand c'est surtout pas le moment...

***

Si tu dois t'en aller pour toujours, pars avant l'aube ! Très tôt. Ne te retourne pas. JAMAIS ! Tant pis pour les larmes. Tant pis pour nous. Tu m'aimeras plus loin. Je t'aimerai ailleurs. On s'aimera toujours.

***

Quand on riposte à une question par une autre question, c'est que la vérité a quelque chose à se reprocher... pas vrai ?


Editions Sarbacane 2012
Collection Exprim'  - 213 pages

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