Encore une très belle balade dans l'Australie sauvage, réflexion sur l'héritage de chacun, aborigène ou pas, connaître ses ancêtres et sa lignée. C'est passionnant. Avec aussi une part de polar.
Contrairement aux autres romans que je lis habituellement sur l'Australie, ce n'est pas tout à fait un roman d'évasion, mais bien plus un roman sur la filiation, la place des Aborigènes, des métis et de chaque peuple.
Avec étonnamment un (triste) détour par l'Afghanistan des talibans.
Où j'ai découvert qu'être clandestin en Australie, n'est pas plus simple qu'en Europe. Ce grand pays si vide, ne semble guère accueillant.
Ce volume peut sans hésitation se lire seul, vous comprendrez très bien, mais je pense qu'on en profite mieux si on commence par Perles de Lune. Il se passe sept ans après la fin du précédent, et ici, l'action se déroule uniquement à cette période, même si les souvenirs antérieurs affluent.
Lily songe de plus en plus à s'installer à Broome où elle se sent tellement "chez elle", et soudain une opportunité : s'investir dans la culture perlière, sur les lieux même où John Tyndall, son arrière-grand-père était installé.
En même temps, elle espère que Sam, sa fille, s'habitue à l'idée d'avoir en elle une part aborigène.
L'art va prendre une grande place dans leur vie et leur évolution. Bijoux, broderie, liens entre l'art du pays et celui d'Afghanistan, c'est passionnant.
On apprend un peu plus sur Le Temps du Rêve, même s'il nous est difficile d'imaginer, tant c'est éloigné de nos notions à nous.
Je me suis parfois un peu perdue dans les personnages, mais c'est parce que je suis en période de lecture trop peu attentive pour des raisons extérieures.
J'ai eu un peu de mal au début avec le personnage de Samantha, qui après avoir délaissé sa mère et refusé totalement de connaître son lignage dans le premier volume est ici très critique et très intrusive sur la vie et les décisions de Lily.
Mais il y a beaucoup de personnages sympathiques et c'est bien agréable !!
Il y a aussi un meurtre, et une énigme qui finira par recouper le reste de l'histoire.
On croise pas mal de chameaux, sauvages ou pas !
Le personnage de Biddy fait le lien entre les époques, on s'attache à elle. Elle est un peu la mémoire de son peuple, mais aussi la mémoire des temps anciens, du capitaine John Tyndall et d'Olivia.
J'ai vraiment regretté, plus encore que pour d'autres romans, qu'il n'y ait pas une carte des lieux, j'avais souvent du mal à imaginer ce qui était proche ou lointain.
Au final, à la fois un roman superbe sur la filiation, les origines, mais aussi une belle découverte de cette région d'Australie, de ses coutumes, et une histoire prenante qu'on ne lâche pas jusqu'à la dernière ligne.
J'ai du mal à arrêter ma chronique, il est si riche, je voudrais parler de tout !
Et quand je vois cette couverture, je regrette de lire en numérique !!
Extraits :
Alors que certaines civilisations honorent des monuments, nous honorons la terre d’où nous venons et à laquelle nous retournerons tous un jour.
***
Elle aussi, faut qu’elle sache qui elle est, d’où elle vient. Elle connaît pas ses racines, et sans ça, on peut pas être heureux.
Lily savait que Biddy avait raison. Sans identité, il n’y avait pas de bonheur possible.
***
- Selon l’art rupestre wandjina, les grands esprits de la création se sont peints eux-mêmes sur la roche, ce travail n’est pas l’œuvre de simples mortels. Wandjina est l’esprit créateur qui, à la naissance de la terre, l’a arpentée pour sculpter les paysages. Ces images sont apparues plus tard, quand les esprits ont pris forme humaine et qu’ils se sont mis à danser, chanter et chasser. Ils ont choisi de s’immortaliser ainsi.
***
- Il veut que j’explique un peu plus en détail notre vision du sacré, qui garantit l’immortalité de l’âme.
- C’est un système totémique, intervint Palmer.
- Qui repose sur la notion d’unité, enchaîna Bridget. L’unité entre le vivant et les forces naturelles qui influent sur tous les aspects de la vie : les croyances, les rituels, les comportements, la philosophie, la mythologie… Tout est connecté à travers le temps, comme un cercle. Nous sommes nés de la terre, nous retournons à la terre et nous renaissons.
***
- La mère soleil vit ici, sur la mère terre. Elle sait beaucoup de secrets.
Il se tapota la tempe pour signifier qu’il partageait cette connaissance.
Sam désigna le ciel.
- Dans ce cas, qu’est-ce qui brille là-haut ?
- Ça, c’est la fille du soleil. On vous racontera ça plus tard, répondit Goonamulli.
***
[Biddy] - Ces histoires sont importantes pour les gens des universités, pour tout l’monde. Nos récits du Temps du Rêve racontent d’où on vient, où on va, pourquoi l’monde est comme il est. Les montagnes, les rivières, les rochers, pourquoi tout ça, c’est là. Et c’est par elles qu’on apprend qui on est vraiment.
***
Sam savait que le Kimberley abritait une trentaine de langues et de cultures autochtones.
***
- Comme les fils tissés qui finissent par former un tapis, chacun dessine le cours de sa vie. Et un jour, on prend le temps de regarder l’image qui s’est formée.
***
tout évoquait une atmosphère à la Somerset Maugham.
[Ça me rappelle que je me promet de lire Somerset Maugham depuis fort longtemps sans jamais le faire ! Je m'aperçois qu'il était encore en vie je crois la première fois que j'ai pensé le lire !!! Longtemps...]
Autrice : Di Morrissey (Prix : Lloyd O'Neil Award 2017 pour l'ensemble de son œuvre)
Titre original : Kimberley Sun (2002)
Traduit de l'anglais (Australie) par Penny Lewis
Éditeur : L'Archipel - 8 février 2024 - 500 pages
Version papier : 23.00 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire