samedi 29 février 2020

Tu crois tout savoir, Jilly P. ! - Alex Gino

Deux thèmes forts dans ce roman : la surdité, et le racisme envers les noirs aux USA.
Les deux traités de façon plus qu'intéressante, on est au coeur des problèmes, et on apprend aussi pas mal de choses si ce ne sont pas des sujets qui nous sont familiers.
J'étais un peu surprise que deux sujets aussi forts cohabitent en un roman, quand hélas ils finissent par se rejoindre, et c'est dramatique.

J'ai toujours un peu de mal avec le style d'Alex Gino, que je trouve parfois ennuyeux. Des détails qui me paraissent inutiles sur ce que mangent les protagonistes, ou sur leurs vêtements, de longs échanges sur la série de livres qui rassemble les personnages, mais dont nous ignorons tout ; c'est un peu lassant.
Mais contrairement à George, beaucoup de choses intéressantes ici. Que découvriront peut-être les ados qui le liront.
D'une part autour de la surdité, les divergences entre ceux qui sont pour la langue des signes, et ceux qui pensent que ça empêche les enfants de progresser, et qui les en privent de façon parfois un peu brutale (quand on sait qu'actuellement, on apprend la langue des signes avec certains bébés entendants, pour les comprendre avant qu'ils ne sachant parler), les implants et autres "aides"...
D'autre part, il est difficile d’imaginer vu de France la peur quotidienne des noirs en Amérique. (Quoique on revient ici aussi hélas à un racisme primaire et dangereux)

J'ai aimé que Jilly P. se pose des questions, j'ai aimé que ce soit elle qui réagisse en famille quand tous font mine d'ignorer les problèmes.



J'ai moins aimé que quelle que soit sa bonne volonté pour parler avec Derek, elle se fasse sans cesse rabrouer, alors que sa démarche est parfois maladroite mais toujours chaleureuse.

Je n'ai pas très bien compris le reproche qu'on lui fait (dans le titre entre autres), elle ne m'a paru ni prétentieuse ni imbue d'elle-même, mais au contraire attentive et plein de bonne volonté.

J'ai souri en voyant que même quand ce n'est pas le sujet du livre, l’auteur parle forcément de couples homosexuels, ce qui est peut-être son quotidien, mais moins courant ici pour moi.
Et j'ai été un peu surprise que la famille semble si gênée que Alicia et les enfants soient noirs, et pas du tout que leur couple soit homosexuel. L'oncle et les parents, pourtant très doués pour mettre tout le monde mal à l'aise, n'y font jamais allusion.
L'Amérique est-elle si différente de la France, ou bien est-ce le parti-pris de l'auteur ?

En conclusion, un roman qui dit des choses essentielles, mais qui est parfois un peu ennuyeux à mes yeux.

Qui en parle ?
L'ado accro aux livres (que je remercie pour m'avoir incitée à le lire)
Mellys Book

Extraits :

J'ai appris qu'on ne finit jamais d'apprendre. Mais peut-être ai-je appris suffisamment pour parvenir à ne pas répéter les mêmes erreurs.

***
La tarte au chocolat de tante Alicia, c'est comme plonger dans un océan de chocolat avec une plage en biscuit et des vagues de meringue mousseuse.

***
- Mais mamie ne voulait pas dire quelque chose de raciste.
- Exactement. Mike tient ses propos volontairement. Ta grand-mère involontairement. C’est la même différence qu'entre marcher sur le pied de quelqu'un par accident ou faire exprès de le lui écraser. Un seul des deux relève d'une intention mauvaise, mais au résultat tous les deux font mal.

Titre original : You Don't Know Everything, Jilly P !
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Valérie Dayre
Éditeur : L'École des Loisirs (11/09/2019)
219 pages - 16.00 €
Résumé Babelio

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