jeudi 10 septembre 2020

Le Majordome et moi - Gary D. Schmidt

Très chouette roman, presque un coup de coeur, qui nous fait passer du rire aux larmes.

Ce matin Carter entre en 6e. C'est la rentrée aussi pour ses trois petites soeurs, les vêtements se cachent, la voiture n'y met pas du sien, la maman est totalement débordée.
Ne manquait plus que le drôle d'hurluberlu qui sonne à la porte, et ne veut pas s'en aller.
Et voilà la famille Jones, de Marysville (N.Y.)  et dont le père est militaire en Allemagne, qui hérite d'un majordome, un vrai majordome anglais, parapluie, chapeau melon et vocabulaire qui va avec. Même s'il réfute le terme de majordome, se préférant "gentleman au service d'un gentleman".
A partir de là, leur vie prend un nouveau tournant. Et le décalage entre eux est franchement hilarant. Il y a longtemps que je ne riais pas aussi volontiers à la lecture d'un roman.
La scène où le majordome va installer table et couverts dans la cantine du collège est inénarrable. Et d’autant plus que c'est une manière de punition pour Carter.
Le parallèle entre les habitudes de chacun, langage, nourriture, façon de vivre, et même véhicule n'en finit pas de faire des vagues.
Mais la vie, c'est comme les montagnes russes, parfois on rit, parfois on pleure.
La famille de Carter a été durement éprouvée, on le découvre peu à peu, et ce n'est pas fini.
Mais Mr Fitz, malgré sa rigidité apparente, arrive au moment opportun pour aider à avancer dans un moment difficile.

Il y a beaucoup de tendresse dans ce roman, émaillé des souvenirs de Carter dans les Blue Mountains australiennes.
L'humour est vraiment très présent tout le long, et ça apporte une légèreté qui fait du bien. Il y a tant de scènes dont j'aurais envie de vous parler, entre usage (choquant) d'un terrain de foot pour jouer au cricket, présence d'un teckel assez encombrant, de l'influence de la cuisine italienne sur un majordome anglais ... Et tout simplement ce décalage toujours présent entre deux modes de vie.
Vous pourrez même y apprendre les bases du cricket. Il se peut aussi que comme moi, en refermant le livre, vous n'en ayez toujours  pas compris les règles, mais ça n'a aucune importance !

Si le coup de coeur ne s'est pas maintenu jusqu'au bout, c'est pour deux raisons :
D'une part, l'idée de faire jouer au cricket, avec toutes ses conventions, des élèves américains qui n'en ont jamais entendu parler est parfaitement cocasse (nonobstant les avis partagés des adultes) et même si on n'y connait rien, ce n'est pas gênant, les chapôs de chapitres pouvant être survolés. Mais il y a ensuite un passage un peu longuet sur le match.
D'autre part, vers la fin, il est question de façon assez importante des dissensions historiques entre Américains et Anglais, de la Boston Tea Party (expliquée en note) et de la guerre d’indépendance jusqu'à nos jours. Et je pense que contrairement aux Américains, ça ne va pas beaucoup parler à nos petits Français, je doute que leurs programmes d'histoire s'attardent là-dessus, donc ça risque d'être un peu obscur pour eux.

À part ça, un vrai bon roman que je recommande. Mais attention le vocabulaire n'est pas toujours simple pour les plus jeunes (c'est voulu, à cause de l'emphase du Majordome, mais peut parfois rebuter les plus petits lecteurs)

Extraits : 

- C'est juste, ai-je fait.
- Manque de pertinence, a rétorqué le Majordome.
- Ça veut dire quoi ?
- Cela veut dire que la revendication d'équité traduit une forme de jérémiade permanente de celui qui vit dans une république. Un monarchiste comme moi reconnaît la vertu qui consiste à accomplir tout simplement les choses qui doivent être faites.

***

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Caroline Guilleminot
Titre original : Pay attention, Carter Jones (2019)
Éditeur : L'Ecole des Loisirs - 12/02/2020
251 pages - 16.00 €
Résumé Babelio


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire