Un beau roman à 2 voix, écrit à 2 mains ! Avec deux thèmes entremêlés et très liés : mythomanie et secrets de famille.
Maëlle est "mytho" à grande échelle, assez pour s'être fait renvoyer de son collège privé.
Elle doit à présent parvenir à s'intégrer dans un nouvel établissement, et son réflexe est aussitôt de
raconter des histoires. Car comment avouer qu'elle est élevée par sa grand-mère dans la petite dépendance du beau domaine où ses amis la raccompagnent, que sa mère a disparu dans des circonstances peu glorieuses, qu'elle ne sait pas qui est son père ?
Sauf que les mensonges, envers les personnes qu'on côtoie tous les jours, ça tient rarement longtemps.
Et pour compliquer encore sa nouvelle vie, voici que Mathilde, l'écrivaine reconnue à qui appartient la maison, et qu'elle ne connait pratiquement pas, revient s'installer chez elle, et compte bien s'occuper d'elle.
On devine peu à peu, en même temps que Maëlle, que tout n'est pas si simple qu'il pourrait y paraître. Cette maison est en deuil depuis longtemps, trop longtemps, et y remettre de la vie passe par des aveux et des explications.
Et si Maëlle racontait beaucoup d'histoires parce qu'on ne lui jamais raconté la sienne ? Essayer d'exister aux yeux des autres, mais aussi se créer un passé qu'on lui refuse.
Ce roman se dévore, et on voudrait tellement pouvoir aider Maëlle, Mathilde, et aussi Odette. Avec un clin d'oeil pour l'étonnant et sympathique (finalement) Bertrand.
Je pensais que le roman serait plus centré sur la mythomanie, et les ennuis qui en découlent, la vie de Maëlle collégienne mal dans sa peau qui s'invente une autre vie.
Mais c'est plus profond que ça, puisque on comprend peu à peu pourquoi elle est "obligée" d'inventer.
Je m'interroge cependant sur l'âge des lecteurs concernés.
La vie de Maëlle au collège et avec ses amis correspond bien à ce que nous classons en "roman enfants", (ah, cette manie des bibliothécaires de tout essayer de faire entrer dans des cases !) mais ce qui concerne ses parents et ses grands-parents me parait plus susceptible d'intéresser les ados, voire les adultes.
À vous de vous faire une idée (avant de l'offrir à des jeunes !)
Extraits :
Tout écrivain sait combien l'incipit de son roman est capital. C'est lui qui va lancer votre texte sur les bons rails ; c'est lui qui attrapera le lecteur dans ses filets.
***
... je suis revenue [...] pour me replonger dans cette histoire, pour la comprendre, en dénouer les tenants et tragiques aboutissants. C'est à ce seul prix que j'arriverai, une fois pour toutes, non pas à m'en débarrasser mais à vivre quelque peu délestée de cette douleur lancinante.
Éditeur : Auzou (2019)
Illustration de couverture : Elizabeth Holleville
201 pages ; 12.95 €
De Pascal Brissy, je n'avais lu jusqu'à présent que des premières lectures :
De Yaël Hassan, ceux qui me suivent savent que j'ai lu beaucoup. En voici quelques-uns (attention, d'autres titres se mêlent aux siens).
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