Un sympathique récit de vie, mais, pas pour moi. Erreur de casting de ma part, je le confesse.
J'avais très envie de le lire, au point de n’avoir demandé que celui-ci à la Masse Critique non-fiction.
Je suis de la même époque, à peu d'années près, et j'espérais lire des souvenirs qui me rappelleraient les miens, même s'ils sont loin de la Bretagne (que j’aime beaucoup).
Mais ces souvenirs-ci semblent essentiellement destinés à ceux qui connaissent bien Concarneau.
Le fait que pour chaque évocation, le lieu soit suivi de l'indication de ce que c'est à présent alourdit le récit quand on ne connait pas la ville (ou si peu).
Je n'ai pas été très intéressée par les histoires détaillées de pêches et de chasse. Et le côté "guerre des boutons", rivalité entre bandes ne me rappelle aucun souvenir. Ça m'a amusée un moment, mais je ne me suis vraiment pas reconnue, ni dans ces enfants qui passent leur temps en maraudes et en petits vols.
Les filles sont totalement absentes de leurs jeux, cantonnées à la cuisine et aux travaux ménagers apparemment dès le plus jeune âge ?
J'ai cependant retrouvé avec plaisir un certain nombre de souvenirs :
L'arrivée du premier magasin "sans vendeur"
L’invasion des meubles en Formica, tellement modernes, l'arrivée du premier frigo.
L'aide à la mère pour détricoter les pulls ...
L'achat du premier tourne disque
L'irruption de la Guerre d'Algérie dans notre quotidien, etc ...
Les diverses publicités m'ont souvent replongée dans mon enfance "Pour toi, cher ange, Pschitt orange. Pour moi, garçon, Pschitt citron !" Je la sais encore par coeur celle-là !
J'ai été surprise de la distinction faite pour les tenues de communion "L'enfant entrait dans l'église vêtu de l'aube immaculée, une croix en bois pendue autour du cou, tandis que les pauvres devaient se contenter d'un costume et d'un brassard".
Chez nous, il n'a pas été question de riches / pauvres, mais de dates : jusqu'à la fin des années 50, les filles avaient leur tenues de "petites mariées" tulle, voiles, broderies. Au début des années 60, l'aube a commencé à la remplacer, pour les plus "audacieuses", puis pour tout le monde. (Je m'en souviens bien parce qu'en 1961, j'aurais dû revêtir la tenue de ma soeur, mais ma mère m'a cousu en urgence une aube, ça me paraissait plus "religieux" et je n'en démordais pas !)
Étonnée aussi des dates de vacances en Bretagne : fin juin / début septembre.
Nous allions en classe jusqu'au 14 juillet, l'année se terminant avec le défilé, et ne reprenions qu'en octobre me semble-t-il, après les vendanges.
J'ai été amusée par l'évocation du Jeu des Mille Francs, que nous n'écoutions pas chez moi, mais auquel je suis à présent fidèle ! (Changement de monnaie évidemment !)
Amusant aussi l'audace des jeunes habitants de la Ville close : pour économiser le bac qui permettait de quitter leur quartier, ils plongeaient avant l'arrivée, avant le paiement !
J'ai donc bien retrouvé des souvenirs intéressants, mais dans l’ensemble, il vaut quand même mieux être de Concarneau pour apprécier réellement le livre.
Pour la dernière partie, nous quittons la Bretagne pour suivre quelques copains sur les traces des Beatniks, musique, liberté sexuelle et commerce d'herbe (mais quelle herbe !!!) mais je n'ai pas accroché aux réflexions sur les orientations de la vie de l'auteur.
Beaucoup de photos, mais hélas, les scans de photos d'amateurs, il est souvent difficile de voir les détails.
Par contre le livre est beau, couverture épaisse, brillante, plastifiée et agréable en main.
Une belle photo aérienne de la Ville Close en pages de garde, "naturelle" au début, et complétée à la fin par des numéros renvoyant à la liste de monuments, commerces etc du début des années 60. Excellente idée pour se repérer.
Je venais de quitter Saint Malo Intra Muros dans "Une évidence" et j'ai enchaîné avec Concarneau Ville Close, parcourir la Bretagne est toujours un plaisir.
Merci aux éditions Liv'éditions, que je ne connaissais pas du tout, j'apprécie toujours de découvrir un éditeur breton !!
Extraits :
Un surnom n'a jamais été péjoratif et il reflète une qualité affectée à la personne.
***
... mon frère fut récupéré par mon père pour partir en mer [...] Il avait de bonnes notes et figurait au tableau d'honneur. Mais mon père avait besoin d'un mousse.
- Mais il va passer son certificat d'études dans quinze jours, lui fit remarquer le directeur.
- C'est pas ça qui lui donnera à manger. Le taxi attend.
Sous titre : De Concarneau à Amsterdam ; 1951 - 1975
Éditeur : Liv'éditions ; Mai 2018
200 pages ; 20.00 €
Résumé Babelio
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