Un très bon roman sur la grossophobie, qui montre bien ce que subissent au quotidien les personnes "hors de la norme" et particulièrement au collège.
Un roman facile à lire pour tous, grâce à son écriture et aussi à l'humour toujours présent, par certains personnages et par la personnalité de Jemima, qui sait tout sur tout.
Lecture à conseiller largement, car on ne se rend pas forcément compte de la lourdeur (sans jeu de mots) des réactions, surtout vis à vis des ados, les plus fragiles.
Jemima 13 ans, en 5e, est la cible préférée d'une élève de sa classe, qui l'attaque constamment très méchamment sur son poids et son aspect, et entraîne bien entendu une partie des élèves, il y a toujours des suiveurs dans ce cas.
Déjà fragilisée par l'absence d'une mère dont personne ne parle, être surdouée n'est pas vraiment un atout pour s'intégrer. Et ce ne sont pas les conseils du genre : "fais comme si tu n'entendais rien" qui vont l'aider.
Quand se présente l'opportunité de participer à son jeu télévisé préféré, Jemima est terriblement partagée. Une part d'elle-même en rêve, mais comment pourrait-elle se présenter devant des milliers de spectateurs, alors qu'elle est constamment humiliée dans sa classe mais aussi à l'extérieur, par des inconnus qui ne se gênent pas pour les critiques.
Un thème très intéressant donc, et bien traité. Qui devrait faire réfléchir ceux qui sont "de l'autre côté".
J'ai cependant un petit bémol sur ma lecture, il m'a manqué une petite étincelle pour le coup de coeur.
Sans doute pour deux raisons :
J'ai trouvé peu de personnages sympathiques.
La plupart des adultes, je me demande s'ils sont aveugles ou idiots.
À part Gina, et encore, c'est un peu curieux qu'elle contacte d'entrée les parents pour leur dire ce qui s'est dit dans son groupe. (Après, ça va mieux !)
Côté collégiens, heureusement qu'il y a Miki.
Jemima, on la plaint bien entendu, mais son obstination à tout prendre au premier degré et à étaler ses connaissances dès que quelqu'un emploie une expression courante, mais un brin erronée scientifiquement ne la rend pas particulièrement sympathique, je n'aimerais pas l'avoir comme amie !
Le frère est odieux tout le temps. ! Les relations entre frère et soeur sont généralement tendues, plus ou moins, mais souvent avec des moments apaisés. Ce qui n'est pas le cas, et le père laisse faire
Et si ce père est complètement "à côté de la plaque" il est peu compréhensible que Jemima parte au camp avec les guêtres et l'autocollant sur son sac, elle pourrait contourner les idées absurdes du père.
En outre, on aimerait forcément que ce type de lecture aide les enfants en surpoids, ou ceux mal dans leur corps pour toute raison.
Mais face à ce handicap, Jemima a un gros atout : son intelligence et sa mémoire exceptionnelles. C'est donc plus facile de compenser. Mais qu'en est-il pour ceux qui n'ont pas de dons pour faire face ?
(Et pour ma part, j'aurais autant aimé qu'il n'y ait pas de tarentule, surtout quand je lis le soir 😄. Mais ça, c'est personnel ! Juste hélas une arachnophobie qui croît au fil des ans.)
Si mes critiques sont un peu longues, qu'on ne s'y trompe pas, c'est un très bon roman, que j'ai lu volontiers et que je conseillerai à tous.
Extraits :
- Jemima, quelle mémoire ! Extraordinaire !
Pas tant que ça... Cette épreuve testait la mémoire de travail - la partie du cerveau qui stocke des informations de courte durée. Dans vingt-quatre heures, toutes ces cartes me seraient sorties de l'esprit. Les vrais souvenirs, eux, sont stockés dans le cortex cérébral - ces paroles qui nous reviennent quand on entend une chanson, ces scènes que l'on revoit quand on regarde une vieille photo. Ils nous apparaissent en trois dimensions et semblent réels.
***
Le coeur humain dispose de quatre chambres, c'est écrit dans mon livre d'anatomie. Ma théorie, c'est qu'il en existe une cinquième, invisible. C'est là qu'habitent les personnes qu'on aime. Cette chambre-là est sans issue. Sans échappatoire. Une fois qu'on y est entré, on y reste. On ne peut plus disparaître. Voilà comment je sais que Jasper et moi vivrons toujours dans le coeur de notre mère.
***
Les insultes sont des flèches et vos pensées positives forment un bouclier. Et le mieux, c’est qu’à chaque flèche rencontrée, votre bouclier se consolide.
Titre original : Jemima Small Versus the Universe (2019)
Traduit de l'anglais par : Rosalind Elland-Goldsmith
Éditeur : Slalom - 1 avril 2021 - 336 pages - 15.95 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie
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