lundi 7 juin 2021

Extra - Delphine Pessin

 
Joli coup de coeur pour ce court roman, qui se lit à la fois comme une histoire d'école et de harcèlement, comme de la science-fiction, mais parle surtout de différence, d'empathie et de gentillesse.

Élias est un gentil garçon, mais un élève très moyen, plutôt distrait, et persuadé de son peu de valeur. 
Il a quelques copains, mais surtout il est la tête de turc d'Angelo, le meneur de la classe. 
Quand celui-ci le met au défi d'accueillir le correspondant qui va venir bientôt, il s'aperçoit vite qu'il "s'est fait avoir" avec sa volonté de ne pas céder à Angelo.
Car ce correspondant n'est pas vraiment habituel, il arrivera tout droit de la planète Alter.
Belle occasion de se confronter aux différences.
Et de voir si les meilleurs en classe sont vraiment les meilleurs dans la vie !

J'ai adoré ce texte, parce que si Aytac parvient à surmonter l'hostilité de certains, ce n'est pas grâce à des dons extraterrestres, mais grâce à son empathie, à sa faculté de s'approcher de l'humeur des autres.
Mais j'ai aussi aimé parce que c'est un vrai roman, très drôle, bien ancré dans la vie de nos petits écoliers, et assez court et facile pour faire lire à tous. Un pur bonheur !
Les réactions des enseignants sont intéressantes aussi, entre ce qu'ils se doivent de transmettre, et ce qu'ils ressentent malgré eux.

Ça se dévore, c'est drôle et très chouette à lire, mais en même temps, ça fait bien réfléchir. Ca devrait être une lecture obligatoire en primaire !

Je n'ai pas encore lu Deux fleurs en hiver, parce que les histoires de vieux, et d'EHPAD, ce n'est pas vraiment ce qui me remonte le moral en ce moment. Mais vu l'écriture de l'autrice, je vais certainement essayer de le découvrir très vite, ainsi que ses autres romans.

Qui en parle ? Ramettes

Extraits :

Plus de la moitié de la planète Alter est composée d’eau. 
La nourriture principale des Altériens est le plastique.
Vu qu’il n’y a plus assez d’eau sur Terre, mais beaucoup trop de plastique, finalement, les hommes sont très contents de faire des échanges commerciaux avec cette planète. 

***
Alors qu’on discutait depuis une dizaine de minutes, j’ai remarqué que les autres élèves veillaient à se tenir à un mètre de nous. Exactement comme s’il y avait eu un périmètre de sécurité autour de mon correspondant. Une espèce de barrière invisible qu’il fallait absolument éviter de franchir. 
– C’est moi, ou on dirait qu’on a chopé une maladie contagieuse ? j’ai demandé.
– Il faut leur laisser du temps, a interprété Darsha. C’est pas tous les jours qu’on rencontre un extraterrestre. (Elle a ajouté à l’adresse d’Aytac.) Sans vouloir t’offenser. 

***
Angelo a décoché une autre flèche :
– Je n’en reviens pas qu’on permette à ce monstre de manger avec nous ! C’est carrément flippant. 
Cette fois, c’en était trop. Les mâchoires crispées, je m’apprêtais à me lever pour riposter quand Aytac m’a arrêté. Ses joues avaient pris une étrange teinte turquoise et sa peau s’illuminait d’un éclat bleuâtre. 
– Inutile d’intervenir, a-t-il articulé, ce n’est rien.
Mais c’était faux, ce n’était pas rien. Les mots ont parfois des bords tranchants, ils peuvent faire mal. 
Aytac a fermé les yeux comme pour se calmer. À dire vrai, il n’avait pas l’air vraiment énervé, seulement triste et… concentré. 
Devant nous, Angelo continuait son numéro.
– Eh, le p’tit bleu ! Tu n’as plus faim ? a-t-il ironisé. Qu’est-ce qui…
Soudain, sa voix s’est arrêtée net, suspendue en plein vol au milieu de sa phrase. Sous nos regards éberlués, il s’est figé et a eu l’air comique d’un type qui vient de se prendre un flash dans les yeux. Puis, sans crier gare, il a plongé la tête dans son assiette de spaghettis. 

Illustrations (couverture et têtes de chapitres) : Cynthia Thiery
Editeur : Didier Jeunesse - 9 juin 2021 - NOUVEAUTÉ
Collection : Mon Marque-Page +
128 pages - 12.90 €

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