mercredi 22 novembre 2023

Meurtre à Balmoral - Chris McGeorge

 
Dystopie et polar quasi cosy mystery, c'est assez rare dans mes lectures ! 
Un meurtre à huis clos, dans une configuration assez exceptionnelle : non seulement c'est le roi qui meurt (pas de divulgâchage, c'est dit dès le départ et sur le résumé) mais le chef cuisinier, (et néanmoins ami du roi) se retrouve seul avec la famille royale. Il va devoir endosser, bien à contrecoeur, la fonction d'enquêteur au milieu d'une famille où tout le monde se soupçonne.
Des inimitiés et des tension familiales forcément, un successeur au trône dont le jeune âge n'exclut pas l'intelligence et une bonne approche de la situation.

Cosy mystery ? Peut-être, car l'enquêteur n'est pas un professionnel, et il n'y a pas de détails horribles, ce n'est pas un roman noir. Et l'ambiance a une grande importance.
Pas tout à fait cosy mystery cependant, car l'atmosphère n'est pas si cosy que ça, il y a peu d'humour, et c'est même de plus en plus sombre 
Plus tragédie que comédie, à mesure qu'on avance dans le roman.

Balmoral, Noël. La famille royale s'apprête à fêter en famille, le roi Jeffrey ayant donné congé à tout le personnel. Une famille royale imaginée à partir d'une bifurcation possible de l'Histoire.
Le responsable de la sécurité, seul présent avec le chef cuisinier, affirme que toutes les précautions ont été prises, avec un nouvel outil de surveillance évolué.
Seule, la tempête, qui les coupe du monde, n'avait pas été prévue.
Quand le roi s'effondre, avant son discours familial, mais après avoir convoqué chaque membre de la famille individuellement pour un entretien dont ils n'ont pas vraiment envie de parler, tout le monde est désemparé.
Qu'allait-il annoncer ? De qui faut-il se méfier ? Le chef cuisinier, en plus de l'énorme travail qui lui incombait, doit malgré son chagrin, car le roi était son ami, essayer de gérer la situation. Et peu de monde l'apprécie, ce qui ne lui facilite pas la tâche.

Un roman policier très bien écrit, dans un lieu et un milieu atypique, et où l'on va de surprises en surprises. 
Des secrets dévoilés, des personnages intéressants, une jolie réflexion sur le deuil, et un vrai polar aussi. Un roman bien agréable à lire.

Extraits :

Ce château, une illustre demeure campagnarde aux allures de forteresse bâtie au milieu des montagnes sauvages d’Écosse, était devenu la propriété de la monarchie quand le prince Albert l’avait acquis pour la reine Victoria au milieu du XIXe siècle. La reine adorait le froid et la pluie, et le site de Balmoral était peut-être le plus froid et pluvieux de toutes les îles Britanniques.

***
Quand Jon regardait ce vieil homme, il revoyait le Jeffrey Windsor d’antan, plein d’énergie, de culot (s’il pouvait se permettre cette expression) et d’une vertueuse indignation qui, curieusement, étaient en parfaite harmonie avec son désir de soutenir les fondations de la monarchie. C’était toujours le même homme : c’était seulement son corps qui le trahissait. Jeffrey Windsor se délabrait, déclinait, devenait incapable d’incarner les qualités qui avaient fait de lui ce qu’il était autrefois. Il rappelait à tous ceux qui le voyaient que c’est toujours le temps qui est vainqueur. Si le roi devait capituler devant le Temps, quelles chances aurait Jon au même âge ?

***
Sa grand-mère avait poursuivi :
— Alors accroche-toi à ton chagrin. De toutes tes forces. Ne laisse personne te dire quoi que ce soit sur lui. Ne laisse personne te dire : « Je sais ce que tu ressens » ou « Moi aussi, j’ai connu ça ». Il t’appartient. Chacun pleure à sa manière. Personne ne sait exactement ce que tu ressens. Personne d’autre que toi n’a vécu ce que tu vis en ce moment. Personne ne devrait être désolé pour toi, parce que tu as quelque chose que les autres n’ont pas. Et tu peux le garder aussi longtemps que tu veux et en faire ce que tu veux. Mais n’oublie jamais : jamais dans une boîte. Ne désire jamais être en paix.

***
 Jon se sentait sur la défensive dans cette position, un peu comme un policier qui se serait enfermé par accident dans une cellule.

***
À Balmoral, tout le monde devait dormir dans des chambres individuelles, y compris les couples mariés, et il était même interdit de s’asseoir sur le lit de quelqu’un d’autre.

***
À près de quarante ans, je me sentais comme une écolière qui fait les quatre cents coups. C’était palpitant. J’ai eu un peu le même genre d’impression quand j’ai préparé moi-même mon petit déjeuner ce matin. Quelle curieuse émotion…

***
 Ce n’était qu’un vieil homme stupide qui croyait posséder plus de pouvoir qu’il n’en avait.
— C’était le roi d’Angleterre, objecta Martin.
— « Roi », ce n’est qu’un titre, mon petit. Ce sont ceux qui vous mettent sur le trône qui détiennent le pouvoir.

Titre original : A Murder at the Castle (2022)
Traduit de l'anglais par Anne-Judith Descombey
Éditions l'Archipel - 2 novembre 2023 - 400 pages - 22.00 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire