dimanche 17 avril 2022

Et que quelqu'un vous tende la main - Carène Ponte

Les romans de Carène Ponte, c'est toujours pour moi un moment de lecture intense, des livres que je ne peux pas quitter. À la fois une lecture facile, de la bienveillance, de l'empathie, mais aussi de la réflexion sur la vie quotidienne, sur les attachements, sur la famille, sur le passé et le futur de notre vie (et aussi le présent).
Celui-ci n'y fait pas exception, mais je l'ai lu à la fois avec grand plaisir et beaucoup de peine. 

Partager au fil des pages la douleur infinie d'une mère qui a perdu son enfant, c'est terrible, impossible de lever la tête du livre pour penser à autre chose.
Et quand je découvre qu'on va aussi accompagner une jeune femme qui se bat contre la leucémie, j'ai d'abord posé mon livre en me disant que je ne pouvait pas. Impossible pour moi.
Et puis, parce que c'est Carène Ponte, parce que ses personnages, on ne peut les quitter, j'ai continué jusqu'au bout.
Mais je peux vous dire que j'y ai épuisé mon stock de petites cuillères du mois au minimum. Tant de souvenirs douloureux, tant d'espoirs dont on sait qu'ils vont être déçus. Attention, je précise que le texte est léger, et qu'on peut lire ce roman comme tous ses autres avec beaucoup de bonheur. C'est juste que pour moi, derrière les mots et les situations, il y avait les souvenirs, les moments terribles et sans issue.

Mais il n'y a pas que la maladie et la mort dans ce roman. Comme tous ceux de l'autrice, c'est un roman qui parle de rencontres qui font du bien, d'amitié, de cuisine et d'empathie. De soutien et d'aide mutuels, de la beauté des petites choses, comme un chaton qui vous adopte ou trois brasses dans une mer pourtant inquiétante.
Et j'ai aimé pour ma part évoquer des beignets de fleurs de courgettes, souvenirs d'enfance. Et l'attirance vers la baignade, ce manque et ce réconfort.

Et puis, j'ai découvert ici la théorie des cuillères, dont je n'avais jamais entendu parler. Et pourtant, c'est d'une grande importance, et elle m'accompagnera dans ma vie quotidienne, et celle de proches.

Exceptionnellement, je ne noterai pas cette lecture. Si j'avais su de quoi elle parle, je ne l'aurais jamais abordée, j'y ai laissé trop de petites cuillères.
Mais c'est un très beau roman, bien écrit, qui fait réfléchir, et dont je ne suis pas près d'oublier les personnages. Impossible donc de trancher entre un maximum et un minimum !
Il est classé feel good, qu'en pensez-vous ?

Extraits : 

 - C'est la première fois que nous parlons de religion. C'est quelque chose qui compte pour vous ?
- Non, pas vraiment. Mais de temps en temps, je me demande comment certains peuvent continuer à croire en un dieu qui laisse la vie s'acharner sur de belles personnes qui n'ont rien fait pour mériter ça.

***
Ceux qui sont partis ne doivent pas emporter ceux qui restent avec eux.

***
Le midi, je mangeais chez nous et j’échappais ainsi – m’attirant la jalousie de toutes mes copines – aux choux de Bruxelles, salsifis et autres légumes oubliés dont on comprend pourquoi ils le sont.

Fleuve éditions - 7 avril 2022 - NOUVEAUTÉ
288 pages - 17.90 €

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