mardi 14 avril 2020

Verte - Marie Desplechin

Je relis la trilogie des sorcières de Marie Desplechin à l’occasion d'une animation pour notre club-lecture (élèves de CM), et j'en profite pour reprendre ici ma critique postée en 2014 sur Babelio.

Un petit roman délicieux, que nous avions tant aimé à sa sortie il y a une quinzaine d'années que nous l'avions mis à notre concours-lecture puis à notre "prix littéraire", pour les CM, trois années de suite.
Je viens de le relire, et je m'aperçois avec plaisir que, contrairement à d'autres, il a fort bien vieilli, et n'a pas pris une ride (sans doute grâce à un peu de sorcellerie !)
Il est probable que la sortie du tome 3 (Mauve), après Pome, va sans doute lui redonner une actualité, et j'en suis contente.
D'ailleurs, je viens de voir que les élèves de 6e l'étudient cette année.
Outre la belle écriture de Marie Desplechin, j'aime ici le fond de l'histoire : une fillette comme les autres, qui veut vivre la même vie que ses copines, et qui en même temps se révèle sorcière, à son grand dam.
Pas du tout une ambiance Harry Potter, mais la vie de tous les jours, avec ses interrogations vis à vis des garçons, et surtout de sa vie de famille, la recherche du père etc...
Et la forme aussi est intéressante, puisque nous avons à tour de rôle le point de vue de chaque personnage, ce qui introduit souvent une dimension cocasse, dans la différence de façon de voir.

À ma troisième lecture, j'apprécie toujours autant Verte et sa famille un peu dingue, sorcières ou pas !



À suivre :
Pome
Mauve

Extraits :

J'envie les familles normales, un père, une mère et deux ou trois enfants auxquels on ne demande rien de plus que d'être serviables à la maison et polis à l'école.

***
Parmi toutes les espèces, il en existe une pourtant qui n'a pas le droit de se plaindre. Une seule. L'espèce des mères. A la rigueur, elles peuvent se mettre en colère. Mais pas gémir, c'est mal vu. Pourquoi? Parce que grâce à leurs enfants, les mères baignent dans un océan de bonheur. C'est connu.

***
Sorcières : je n’aime pas le mot. Il sent le château fort et le bûcher, le bonnet pointu et le manche à balai, j’en passe et des meilleures. Tout un folklore désuet qui date du Moyen-âge.
Moi, de ma vie, je n’ai jamais porté de chapeau, et encore moins de chapeau pointu. Pointu pour pointu, je préfère les escarpins à très hauts talons. Quant au balai volant, laissez-moi rire. Quand je veux voler, je prends l’avion comme tout le monde.

***
Elle aurait pu faire l'effort de m'appeler Violette. Mais non, il a fallu qu'elle choisisse Verte. Quelquefois j'ai envie de l'attaquer en justice. Mais quelquefois je l'aime et j'ai envie de lui offrir des vacances de rêve à Honolulu. Rien n'est plus fatigant qu'une mère. Étant entendu que je ne sais pas ce que c'est qu'un père.

***
- Qu’est-ce que tu lui as fait, à Mme Arsène ? a demandé Verte avec une pointe d’inquiétude dans la voix.
- Un tas de choses. Des crèmes et des lotions pour la peau et les cheveux, une potion pour la digestion, une autre pour le moral, des abonnements d’un an à des magazines distrayants.
- Il n’y a pas un gramme de sorcellerie dans tout ça, a protesté Verte. C’est à la portée de n’importe quel pharmacien ou de n’importe quel libraire !
- Ksss, ksss, petite ignorante. Je suis mille fois plus mystérieuse et mille fois plus efficace que tous les pharmaciens et tous les libraires du monde. En prime, j’ai envoyé quelques sorts désopilants sur sa maison, si bien que sa vie est devenue pendant quelques semaines une suite ininterrompue de joyeuses surprises, musique brésilienne au réveil, envol d’oiseaux multicolores sous ses fenêtres, escorte d’admirateurs devant sa porte, frigo fournisseur de menus diététiques et tutti quanti.

***
Les sorcières ne peuvent passer leur pouvoir qu’à l’aînée de leurs filles. Voilà pourquoi la plupart d’entre nous se contentent de donner le jour à une seule gamine. C’est bien assez de souci. Franchement, quand on n’aime pas beaucoup les enfants, pourquoi s’encombrer de toute une tripotée de braillards sans le moindre avenir dans la profession ?

Éditeur : L'École des Loisirs (1e édition : 1996)
Collection : Neuf - 180 pages
Réédition la plus récente : 2018 en poche (6.80 €)
2.99 € en version numérique pour (re)lire tout de suite !
Il existe une BD illustrée par Magali Le Huche
Résumé Babelio

La nouvelle couverture :

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