Thierry Magnier 2016 - 169 pages
Résumé Babelio
Scotchée, une fois de plus ! je l’ai ouvert un matin, je ne l’ai plus refermé jusqu'à la fin, impossible à lâcher.
Aucun roman de Pascale Maret ne m'a laissée indifférente.
Non contents d'être excellents, ils sont tous d'une extrême force, sur des sujets aussi différents que l'exploitation des mineurs de jade en Birmanie, les sectes, une expédition sur l'Orénoque, la drogue dans les cités ...
Mme Maret nous embarque chaque fois dans une aventure étonnante, prenante, et extrêmement bien documentée, sur les traces de jeunes ados à la fois forts et fragiles.
J'ai commencé celui-ci sans jeter un regard à la 4e de couverture, selon mon habitude, prêt à me laisser surprendre et certaine de n’être pas déçue.
Et effectivement, côté surprise ... on vit soudain de l'intérieur le fait divers le plus horrible, et le subir par les yeux de Martin, ça fait autre chose que le lire dans les journaux.
J'apprécie que l'auteur ne se complaise cependant pas dans les détails horribles ou sordides.
Tout est effleuré, on comprend à demi-mot, pas besoin d'appuyer, l'horreur n'est pas dans la description elle est dans ce que doit vivre Martin.
Ensuite, on va quitter son petit monde jusque là assez protégé pour partir avec lui à l'aventure en Argentine, et jusqu'en Patagonie.
Le livre est ici un peu plus léger, car ce road movie, bien qu'éprouvant, s'avère aussi à la fois parfois surprenant, parfois cocasse, et aussi empli d'amitié, ce qui le rend chaleureux.
Réellement un road movie, on a l'impression de voir se dérouler le film de cette longue route vers la Patagonie.
Et au delà du suspense, de l'attente de ce que va pouvoir trouver Martin au bout de la route, il y a un côté documentaire (dans le bon sens du terme, rien d'ennuyeux bien au contraire) très intéressant.
Je n'ai lu, s'il m'en souvient bien, que deux autres romans se déroulant dans ces inhospitalières contrées : le terrible "Les larmes de l'assassin" d'Anne-Laure Bondoux, et le plus léger "Une année pour tout changer" d'Andrea Ferrari.
J'ai aimé parcourir cette longue route en compagnie de Martin et de ses improbables compagnons, un détective noir, curiosité pour les villageois qui n'ont jamais vu d'homme noir, et un interprète ravi de glisser des expressions d'un langage soutenu ou imagé, même dans les circonstances dramatiques.
Un jeu de vocabulaire bien sympathique donc.
Et ... j'avoue que retrouver ici Bob Morane et Bill Ballantine, héros de mon enfance, a ajouté à mon plaisir.
Je n'ai pas le moindre souvenir d'une seule de leurs aventures, mais lire leurs deux noms m'a instantanément replongée en enfance.
Si on a encore en tête le nom de Bob Morane, à cause du refrain de la chanson d'Indochine, qui se souvient encore de Bill Ballantine ? (même s'il traverse rapidement la chanson !)
Et on est accompagné tout le long (jusqu'au titre) par la musique de Bob Dylan, qui s'accorde si bien aux pensées de Martin.
Je regrette toujours, devant ce type de roman, ma nullité en musique (même si ça n'est pas gênant pour suivre). Depuis sa parution, Bob Dylan a eu le Prix Nobel, il va vraiment falloir que je me lance à écouter de la musique !!
Et au terme de cette quête au fin fond de l'Amérique, on replonge de nouveau dans le drame, avec une fin aussi puissante et étonnante que le début.
Un livre à lire, à ne pas lâcher, à conseiller, à dévorer.
Extraits :
1.
En général, on n'oublie pas sa première cuite, pas plus que son premier baiser ou sa première humiliation. Moi, j'ai une raison toute particulière de m'en souvenir : si je n'avais pas vidé ce soir-là la demi-flasque de vodka que Lucas me tendait, je serais mort, avant même d'avoir fêté mes treize ans.
***
Je sentais monter en moi une de ces angoisses incontrôlables qui se nourrissent de l'insomnie, laissant l'ombre démesurée et distordue de nos petits soucis envahir notre cerveau. Sous l'effet de ce projecteur maléfique, les contrariétés les plus insignifiantes deviennent des catastrophes irréparables, et les préoccupations les plus anodines, des obsessions dévorantes.
***
Un homme peut modifier son apparence, sa voix aussi sans doute, et même sa posture et sa gestuelle, mais pas sa façon d'éternuer.
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