Quelqu'un qu'on aime - Séverine Vidal

Roman Sarbacane 2015 - 202 pages
Résumé Babelio

Encore un superbe coup de coeur.
La littérature ado me réserve de bien belles surprises ces jours-ci.
Après l'Amérique du sud, celle du nord, et toujours en musique.



Je regrette de plus en plus d’avoir aussi peu de références dans ce domaine.
Moins connu que Bob Dylan, ici c'est sur les traces de Pat Boone que nous allons parcourir des miles.
Si peu connu de moi que j'ai cherché pour savoir s'il avait réellement existé ! Honte à moi, car non seulement c'est de mon époque, mais si son nom ne m'évoquait rien, certains de ses titres par contre me renvoient avec nostalgie à ma jeunesse, Speedy Gonzales, Exodus songs, ...

Un roman à plusieurs voix, une histoire assez improbable mais si belle.

Depuis des mois Matt prépare un road trip pour son grand-père, à qui Alzheimer commence à faire perdre la mémoire. Un voyage "de mémoire" justement, sur les traces de celui qu'il a fait en 1958, en suivant la tournée de son musicien préféré, Pat Boone.
Un voyage qui doit les mener du Texas à la Californie, juste tous les deux, pour profiter encore un peu de ce grand-père adoré.

Mais le destin en a décidé autrement ...
D'abord, Matt, à peine sorti de l'adolescence, découvre à la fois qu'il a une fille de dix-huit mois, et que la maman, dont il s'est séparé depuis un certain temps, souhaite la lui confier pour deux mois car elle va être très prise par son travail. Un certain choc, même s'il tombe tout de suite sous le charme d'Amber.
Et puis, il neige, et cette neige, imprévisible au Texas, va changer tous leurs plans. Ils se retrouvent embarqués avec deux personnes imprévues et inconnues, deux personnes tout aussi attachantes, et qui ont leur part de secret et de souffrance.
Une traversée qui va se révéler pleine d'humour, de tendresse, de tristesse parfois mais de plein de joies aussi.

J'ai tout aimé dans ce roman, l'ambiance, les personnages, les aventures,  les lieux traversés, ceux que je ne connaissais pas et que j'ai grande envie de découvrir comme ceux que je revoyais à travers leurs yeux.

Et soudain ... deux coups de théâtre dans ce road trip.
Oui, ce n'est pas qu'une charmante traversée de l'Amérique, avec des gens à l'écoute, qui s'entraident et essaient de se remonter le moral.
Au bout du voyage, nous allons, avec eux, de surprise en surprise. De très belles, de plus tristes.

J'ai tant aimé ce court roman que je ne me décide pas à en commencer un autre, je voudrais encore être avec eux !

Un détail m'a laissée un peu perplexe : la figure de notre crooner est un peu bousculée sur la fin, ce qui donne une scène assez drôle, et en même temps chargée de sens, sur l'image qu'on peut avoir de quelqu'un, l'évolution de chacun au fil des ans.
Mais comme on parle de quelqu'un de réel, et encore vivant, j'ai trouvé que l'auteure n'était pas tendre avec lui. Je me demande s'il est avéré qu'il est devenu ce personnage. Ça m'a paru assez osé et étonnant de le malmener ainsi !

Ma note : 4.5 / 5

Extraits :

Faut dire, de fils et petit-fils adoré, choyé, étudiant vaguement glandeur, il est passé en un an à un statut vachement moins tranquille : le chef de famille, celui qui doit faire des choix pour les autres, celui qui assure. Qui organise, réserve les billets, coordonne. Et papa, en prime.

***

Le froid vole les odeurs, ou les éteint, oui, voilà, le froid éteint les odeurs.

***

- Antonella, tu ne trouves pas que la baie de San Diego est absolument  ... époustouflante ?
- C'est gentil de redonner sa chance à ce mot, Gary. Il vous remercie. Il n'avait as été utilisé depuis avril 1977.
- Ne te moque pas, jeune péronnelle.

***

Les autres ont décidé de se baigner, et comme la mer doit être à 16 degrés, le spectacle est plutôt marrant.
Antonia a plongé - entièrement ! - le gros orteil de son pied droit en gloussant.

***

Matt craignait le pire et ce n'est pas ce qui est arrivé. C'est même tout le contraire. A l'horizon, il n'y a pas de soleil couchant magnifique, on ne voit pas à cent mètres dans ce chaos glacial, il n'y a rien, rien de ce qu'il avait prévu, rêvé. Mais Matt s'en fout : ce sera ce que ce sera. Et ça sera sans doute pas si mal.

Cette photo n'est pas de moi, mais je n'ai pas pu résister : Spanish Village à San Diego

En arrivant vers Monterey

La route peu avant Pacifica