mercredi 27 janvier 2021

Sans foi ni loi - Marion Brunet

Je n'aime pas les westerns, je n’aime pas la violence. Mais qu'est-ce qu'ils sont attachants Abigaïl et Garrett.
Je sais, on dit Stenson, pas Abigaïl. Mais c'est un prénom qui m'est cher (à cause d'un autre livre, mais je l'aurais bien adopté)

Années 1920 Amérique profonde.
Garrett raconte Stenson, et se raconte par la même occasion. Ab Stenson qui l'a enlevé et emmené en otage, mais qui l'a enlevé à une vie sinistre auprès d'un père pasteur violent et borné.
Dans cette Amérique des débuts de la prohibition, la violence est partout. Mais curieusement, elle est plus acceptable, moins malfaisante, quand elle est du côté des hors la loi, que des hommes d'église.

Garrett est élevé à la dure par un père pasteur qui non seulement le bat, mais le persuade que c'est de sa faute, et qui condamne toute distraction. A 16 ans, il ne connait que le travail et les coups.
Il va vite s'attacher à sa ravisseuse, dont il découvre peu à peu les motifs intimes de sa façon d'agir.
Il rencontre la liberté, l’amour, l’amitié, sa vie change à tout jamais

Mais il rencontre aussi le racisme ordinaire, envers les noirs comme envers les "Indiens", la dureté de la vie où il vaut mieux tuer pour ne pas être tué.
Finalement, le plus terrible, ce sont les méfaits d'une religion intégriste, méchante et bien loin de ce qu'on pourrait attendre d'une religion.

Il est aussi question ici, de façon assez discrète, du Train des orphelins.
Je n'ai pas lu le livre de Christina Baker Kline, ni la BD sur le sujet, mais j'avais lu une intéressante série jeunesse de Joan Lowery Nixon, qu'il est hélas difficile de trouver à présent.
C'est intéressant de retrouver le sujet, avec du recul, Ab et Jenny sont arrivées ici par le train des orphelins, était-ce leur donner une chance dans la vie, ou l'inverse ?

Quelle est la place d'une fillette (élevée dans un bordel), d'un métis, d'un garçon trop doux, dans le Far-West ?
La brutalité est-elle plus du côté des hors-la-loi que de la prétendue religion et des bigotes qui la défendent ?

Un roman intéressant, prenant, et qu'on lâche difficilement. Ce ne sera pas un coup de coeur pour moi, j'ai trop de mal avec certains passages tristes ! Le monde des desperados n'est pas pour moi !

Extraits :

Elle ne prenait pas la douleur au sérieux. Si t'as mal, c'est que t'es vivant.

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La mémoire du corps est étrange : elle a des amnésies salvatrices.

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Elle se méfiait des gens de religion et méprisait leur obéissance, mais elle savait leur pouvoir de nuisance, leurs certitudes portées en vérité. Elle savait qu'il ne fallait pas négliger ça : penser avoir raison et vouloir donner au monde la forme de ses convictions. Ces gens là pouvaient être dangereux et se mettre en danger tout autant.

***
– Une femme qui s’habille en homme, une honte pour toutes les femmes de ce pays !
Nous y voilà. Ce n’est pas qu’elle ait tué, le pire. Ce n’est pas qu’elle ait vidé des coffres de banques. Que Stenson ait choisi de porter un pantalon, une chemise, et de vivre une vie d’homme, ça, personne ne le lui pardonne.


Pépite d'or 2019 du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse.
Éditeur : Pocket Jeunesse (PKJ) - 09/2019
224 pages - 16.90 €
Résumé Babelio

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