D'abord, la découverte d'un collège très particulier, qui existe réellement, celui des îles du Ponant.
Pour éviter un internat obligatoire aux très jeunes collégiens, depuis presque un demi-siècle un collège a été créé dans ces îles. Collège unique mais réparti en six sites sur les six îles les plus éloignées du continent, les collégiens restant ainsi sur leur île.
Ça, c'est la partie réelle.
Côté roman, un écrivain, Gaspard, va au cours d'une année scolaire, conduire une expérience avec un collégien choisi sur chaque île.
Travail à base d'écriture, de lettres et de textes à contraintes, des idées différentes pour chacun.
Je connais mal l'OuLiPo tout en sachant à peu près ce que c'est, mais j'ai peu lu de textes s'y référant. (Même pas Pérec !!) L'écriture à contraintes ne m'attire guère.
Pourtant, j'ai été vraiment intéressée par tous ces jeux de lettres que propose Gaspard aux collégiens, souvent imaginés à partir de ce qu'ils sont.
Beaucoup d'idées sur lesquelles on a envie de travailler. D'ailleurs, j'avais pensé offrir le livre à une de mes petites-filles qui devraient être intéressée par toutes ces pistes de jeux sur les mots.
Mais quelques parties un peu ado me font hésiter.
J'ai trouvé certains passages un peu longuets, surtout quand, en plus des jeux de lettres, l'auteur nous décrit les modalités pour faire les faces du Rubik's cube ! (Et même si ça a un rapport avec le reste).
J'ai regretté que sans cesse Gaspard sorte pour fumer. Je sais bien que dans les années 80, où l'histoire se déroule, on était moins vigilant sur le sujet, et ça ne m'aurait pas choqué de dire qu'il fume. Mais quelle utilité de le rappeler sans cesse ?
Mais surtout, j'ai été désarçonnée par la fin. Pourquoi terminer ainsi ? Je sais bien, l'écrivain est libre de faire faire ce qu'il veut à ses personnages, et d'écrire l'histoire qu'il veut, mais j'ai eu l'impression que soudain, je m'arrêtais au milieu de l'histoire et que je n'avais pas droit à la fin.
Malgré ces quelques points, j'ai aimé cette histoire qui tourne autour des mots, et je la relirai avec plaisir en version papier, car je pense qu'il y a beaucoup de jeux de lettres dans le texte, que je n'ai pas vus dans ma première lecture, il faudra que je le feuillette plus attentivement.
J'aimerais que dans sa version définitive les îles et les collégiens soient présentés en préambule, je me perdais parfois un peu pour me souvenir qui avait telle histoire familiale, qui était sur telle idée de palindrome, de lipogramme, ou de symétrie.
J'ai aimé l'idée de partir d'un jeu de Lexicon, dont je n'avais plus entendu parler depuis ma jeunesse il me semble.
Et j'ai aimé aussi cette sympathique découverte des îles du Ponant, aller d'une à l'autre en bateau.
Pour une fois, moi qui me régale à lire en numérique, je vous conseille plutôt une lecture papier pour celui-ci, pour en découvrir toutes les subtilités.
Si vous ne connaissez pas le Lexicon, vous trouverez un historique très succinct sur Wikipedia, et plus de détails chez l'Escale à jeux.
Extraits :
Les cartes parfaitement alignées sur son bureau, juste au-dessus de son petit carnet blanc, l'élève s'appliqua dans un premier temps à noter tous les mots lui passant par la tête et répondant à la contrainte. Cela allait de rusé à guerrier, en passant par étoiles, grassouillet ou extraterrestres. Son inventivité était sans limites et Gaspard appréciait cette fraîcheur. Alors que la journée touchait à sa fin, Erwan remarqua un détail qui lui avait jusqu'ici échappé.
— Gaspard, tu n'as pas fumé une seule cigarette depuis ton arrivée. Tu as oublié d'en prendre ? – Non. Je me suis toujours promis d'arrêter avant d'y être obligé. D'ailleurs, même Lucky Luke a récemment troqué son vieux mégot contre un brin d'herbe, tu as remarqué ? Il faut sans doute donner l'exemple à la jeunesse...
***
- Oui, Astérix est mon héros préféré.
- Alors nous allons écrire à la gloire d'Astérix le Gaulois. Tu vas sortir de ton jeu de LEXICON les lettres qui composent cette expression.
Erwan s'exécuta. Il y avait les sept lettres toutes différentes d'Astérix auxquelles s'ajoutaient les quatre autres qu'on trouvait dans le Gaulois. Onze en tout, donc.
- Et maintenant ? questionna Erwan.
- Voilà. Désormais l'utilisation de ces seules lettres t'est autorisée. Tu peux les répéter autant de fois que nécessaire dans ton texte, mais aucune autre ne sera tolérée, et toutes devront y figurer. Ainsi la présence d'Astérix le Gaulois sera perceptible dans le moindre mot, ton texte transpirera Astérix le Gaulois !
Erwan trouva d'abord que onze lettres, c'était trop peu pour écrire, vu qu'il en avait vingt-six d'habitude à sa disposition. Puis il remarqua que les cinq voyelles les plus courantes y figuraient, de même que les précieuses S, R, T, L, assez répandues dans la langue française.
Éditions du Rocher - 6 janvier 2020 - NOUVEAUTÉ
152 pages ; 14.90 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.
Épreuve Non Corrigée
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